Un petit boulot : il n’y a pas de sot métier

Jacques vit dans une petite ville triste dont tous les habitants ont été mis sur la paille suite à un licenciement boursier. L’usine a fermé, sa copine est partie et les dettes s’accumulent. Galère !

Attention ! J’en vois déjà dix-huit qui fuient comme des fourmis à l’approche d’une grosse sandale en cuir. Arrêtez !
Même si vous n’aimez pas ce que certains appellent avec un certain mépris « le cinéma social », ne partez pas. Un petit boulot n’est pas à ranger dans la catégorie « drame », mais dans celle des comédies un peu policières « à textes », (presque) sans foi ni loi.

Car pour Jacques la solution viendra peut-être du bookmaker mafieux du coin qui lui propose… de tuer sa femme. Un dilemme moral pour ce brave garçon insouciant qui est quand même occupé à tirer le diable par la queue avec peu d’espoirs de s’en sortir.

 

 

 

Un petit boulot est le dernier long métrage en date de Pascal Chaumeil, le réalisateur français de l’Arnacoeur qui fut un gros hit à sa sortie. Sur sa lancée, il enchaîna avec Un Plan parfait puis rejoignit ce projet, écrit et initié par Michel Blanc qui ne désirait pas le réaliser.

On connaît hélas la suite tragique : Pascal Chaumeil décédera le 27 août 2015 à l’âge de 54 ans sans avoir vu son film terminé. Cette brutale disparition totalement inattendue explique évidemment que l’équipe ait pris le temps de la décence pour sortir le film. Et c’est fort bien ainsi.

 

Un an après la mort du réalisateur, il arrivera enfin sur les écrans, le 31 août, après un passage au festival du film francophone d’Angoulême.

 

 

 

Emmené par le duo Romain Duris – Michel Blanc, ce film est en fait une coproduction belge, puisque Scope Pictures a épaulé la Gaumont pour un tournage à très haute teneur rouge jaune noir.

 

Ainsi, l’image du film a été signée par Manu Dacosse, détenteur des deux derniers Magritte de la discipline pour ses contributions marquantes à L’étrange couleur des larmes de ton corps et à Alleluia. Contrairement à son travail spectaculaire sur ces deux longs métrages extrêmement particuliers, il livre ici une image léchée, mais standard, totalement en phase avec le propos.

 

 

On croise aussi tout le long du film de très nombreux visages familiers dans des rôles secondaires bien fourni. Ainsi Charlie Dupont joue le pote de Romain Duris et Gustav Kervern, Philippe Grand’Henry (Rundskop), patibulaire, mais presque (copyright : Coluche)  incarne un chauffeur un peu louche et Thomas Mustin (La Trêve, Mustii quand il chante) est un employé assez hilarant de la station-service où se déroule une partie de l’histoire.

D’autres silhouettes inattendues qui n’apparaissent parfois que le temps d’une scène devraient aussi vous faire sourire si vous êtes un peu cinéphiles.

On n’oubliera pas non plus une héroïne belge plus inattendue, et pourtant omniprésente à l’écran, servie avec une petite mousse dans des verres facilement reconnaissables. Pas de pub, mais oui, pas de doute, on est bien en territoire connu.

 

 

Même s’il manque un peu de rythme pour provoquer le frisson procuré par l’Arnacoeur, Un petit boulot est un film fort sympathique, un peu dans la veine de Je fais le mort, pas très éloigné de Fred (de Pierre Jolivet), l’ironie en plus. On s’amuse de situations improbables parfois très amorales, et donc d’autant plus délectables. Les dialogues qui privilégient les petites formules-chocs font souvent mouche et l’empathie naturelle que dégage Romain Duris suffit à nous faire aimer le personnage principal et à nous faire frissonner pour lui.

Ce qui ajoute encore un peu de piment à la vision du film.
Si vous aimez les bonnes répliques et l’humour décalé, voilà une friandise croquante qui devrait vous aider à mieux supporter la rentrée

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