Esprits de famille: le petit écran pour hanter le grand.

A priori, la télé et le cinéma semblent des médias légèrement antagonistes. Le succès de l’un ferait le malheur de l’autre. C’est en tous cas ce qu’on a longtemps pensé.

Les récents triomphes du cinéma flamand ont pourtant changé la donne chez nous. Ils s’expliquent évidemment par une multitude de facteurs : qualité des œuvres, envie du spectateur flamand de voir des films parlés dans sa langue, évoquant des problèmes flamands dans un environnement identifié, isolement linguistique et culturel relatif…

Tous ces arguments se succèdent ou s’additionnent. Mais un des vecteurs du succès que personne ne conteste est la multiplication des… séries télévisées régionales, très populaires au nord.

 

Ces séries, très prisées par les téléspectateurs néerlandophones pour les raisons mentionnées plus haut, ont en effet révélé une génération d’acteurs encore inconnus quelques années plus tôt. Acteurs, qui soudain bankable, sont devenus autant d’éléments fort attractifs pour des longs métrages de cinéma.
Car au-delà de son pitch et de la promo tonitruante qui peut le porter, l’attrait essentiel d’un film aux yeux du grand public reste souvent les acteurs qui y évoluent.

 

À la lueur de ces constatations, beaucoup ont pensé que le même mouvement positif pouvait être créé en Belgique francophone où les séries consommées sont américaines, françaises, voire anglaises ou allemandes. Et de temps à autre scandinaves. Mais (presque) jamais belges.

 

 

Plusieurs raisons à cela: la RTBF et RTL peuvent compter sur le réservoir inépuisable des séries françaises qu’elles diffusent souvent avec quelques jours d’avance sur leurs consœurs d’outre-Quiévrain. Le problème de la langue est donc une préoccupation d’autant moins importante pour le spectateur francophone que (contrairement à ce qui se passe en Flandre) toutes les œuvres étrangères sont également doublées.

Comme les séries coûtent assez cher à produire, personne ne se risque vraiment à investir ce créneau. Depuis 7e ciel Belgique, Melting Pot café, ou plus récemment A tort ou à raison (photo ci-dessus) les initiatives n’ont pas été légion.

 

 

Mais ce qui n’est pas un souci pour le spectateur est un vrai casse-tête pour nos comédiens à qui on offre trop peu de chances de se montrer et donc pour notre cinéma qui à part quelques noms connus (révélés en France surtout), ne peut pas compter sur des vedettes du calibre de Koen De Bouw ou Veerle Baetens (photo ci-dessus dans Code 37) , deux stars au Nord qui ont fait leurs preuves sur le petit écran.

 

Cette remarque vaut aussi pour les réalisateurs, les scénaristes et les techniciens du cinéma. Travailler sur une série est une occasion unique d’emmagasiner en un temps record un max d’expériences.

 

On a donc applaudi à deux mains quand la Fédération Wallonie-Bruxelles et la RTBF ont lancé un grand appel à projets qui débouchera dans les mois à venir sur la diffusion de trois séries. Quatre, en fait.
Le quatrième mousquetaire, finalement rattaché à cette vague, est antérieur à cette initiative et a été développé indépendamment des autres fictions.

 

 

Esprits de famille, puisque c’est de cette série qu’il s’agit, est logiquement la première à débarquer sur les écrans. Le premier épisode arrivera sur la RTBF dimanche 16 novembre, et sera suivi de la première diffusion de la 7e saison de la série française à succès Fais pas ci, fais pas ça. Ce qui est une programmation fort intelligente… à condition que la série belge ne souffre pas trop de la comparaison avec sa grande sœur depuis longtemps rôdée et très efficace.

 

Signalons aussi à tous les amateurs de foot que le match Belgique-Pays-de Galles sera à l’antenne à 18h et servira donc de rampe de lancement à la série. Pas mal !

 

 

Esprits de famille est une comédie… familiale empreinte d’un zeste de fantastique (dès la fin du premier épisode) et surtout d’une solide dose d’humour bien de chez nous.

 

Christine, Laurent et Nicolas sont frères et sœur, ils ont entre 30 et 40 ans, et ont un problème commun : des parents trop envahissants. Dans le premier épisode, ils se retrouvent pour un réveillon de Noël très pénible qui ne prendra son envol qu’au départ des parents. Un départ d’autant plus tonitruant que leur voiture fera une embardée et que le couple atterrira aux urgences dans un état végétatif inquiétant. Passée la surprise, les trois enfants s’en vont assez guillerets, tout à coup plus libres. Ce qu’ils ignorent encore c’est que le père et la mère ont le pouvoir de sortir de leur corps pour continuer à veiller sur leur progéniture…

 

Coproduit par Stromboli Pictures avec la RTBF (Télévision belge) et l’aide du Fonds Fédération Wallonie-Bruxelles – RTBF pour les séries belges,  du Tax Shelter du Gouvernement fédéral Belge, de  Casa Kafka Pictures, Casa Kafka Pictures Movie Tax Shelter Empowered By Belfius et avec la participation de la Wallonie et de la Région de Bruxelles-Capitale (Wallimage/Bruxellimage),  avec la participation d’HD1, VEMA Production (ouf 😉 ), Esprits de Famille se développera en dix épisodes de 52 minutes. Pour la première saison. Et plus si affinités

 

 

 

 

Profilée comme une comédie familiale, elle tient en effet ses engagements, notamment en termes de casting avec une kyrielle d’acteurs belges pas tous encore très connus qui ont ainsi l’occasion de se faire remarquer en prime time.

 

Parmi ceux qui nous ont particulièrement tapé dans l’œil (vision forcément subjective), notons Benjamin Ramon (Dood van een schaduw, Tokyo Anyway, L’Insoumise… – ci contre) dont nous avons fait depuis longtemps un des grands espoirs du cinéma belge et qui interprète ici Max, un attaché de presse de la TEC, sexy et assez immature, Marc Weiss (qu’on verra bientôt dans Brabançonne), le mari délaissé qui voit d’un mauvais œil l’arrivée de Max et surtout France Bastoen (au centre dans la promo ci-dessus), essentiellement une comédienne de théâtre, qu’on a déjà vue aux côtés de Karin Viard dans La face Cachée de Bernard Campan.

Naturelle et amusante sans en rajouter dans les mimiques, elle crève l’écran dès le premier épisode.

 

Écrit par Jean-Luc Goossens, réalisé par Jean-Marc Vervoort avec Fabrice Couchard, Esprits de Famille a la lourde tâche de ramener le public belge francophone… vers la fiction belge francophone.

Pas simple…

Check Also

« Pina », l’inédit de Tout Court

Au programme de Tout Court aujourd’hui, Pina de Jérémy Depuydt et Giuseppe Accardo, Grand Prix …