Accusé levez-vous ! (sur le tournage d’Une part d’ombre)

Nous avons tous une part d’ombre. Oui, oui, même vous ! Et même David qu’on croyait au-dessus de tout soupçon et qui, au retour de vacances dans les Vosges avec une bande de joyeux drilles, va être accusé du sordide meurtre d’une bijoutière. David, un criminel ? Ou peut-être est-ce un double maléfique qui se trouvait au même endroit, au même moment ? Alors que David tente de tenir, mais que son passé resurgit peu à peu, il constate aussi que le bénéfice du doute n’est qu’un grand principe sur papier. Et que la belle bande d’amis, qui semblait soudée à jamais, se disloque inexorablement.

 

(Photo d’ouverture : copyright Marianne Grimont)

 

Une part d’ombre, c’est le premier long-métrage de fiction du Bruxellois Samuel Tilman. Un réalisateur qui n’est pas un inconnu puisque le quadragénaire a déjà impressionné la télévision française dernièrement avec Le dernier Gaulois, un docu-fiction en motion-capture passé sur France 2, et glané pas mal de prix avec son précédent court-métrage Nuit blanche (qui a fait le tour du monde et reçu quinze récompenses dont le Magritte du meilleur court-métrage en 2011 et le prix du public au FIFF).

 

Peu à peu, Samuel Tilman voit le bout du tunnel de ce film dont il a commencé à écrire le scénario en 2012. En cinéma, il convient d’être patient et cela tranche avec le brouhaha qui règne entre les prises, ce jeudi. Le palais de Justice de Nivelles vit son heure de gloire et les dizaines de figurants se pressent tout excités dans le tribunal (transposé en France, pour les besoins de l’intrigue) qui va être filmé sous tous les angles.

 

(copyright Ridha Ben Hmouda)

L’heure est décisive, aujourd’hui, les dernières scènes sont tournées. La pression monte, le tournage a un peu de retard, et comme c’est le dernier jour à Nivelles, il faut tout boucler avant de prendre la direction de… Walibi pour la toute fin du tournage. La fatigue se fait sentir mais tous semblent fonctionner à la bonne humeur.

 

Et les acteurs principaux n’y sont pas pour rien. En effet, Samuel Tilman a pris soin de caster des gens du terroir belge, si pas bruxellois. Non pas pour privilégier l’exception belgo-belge mais pour ajouter une dimension supplémentaire et coller le plus près possible de la réalité de cette bande d’amis. Car oui, Une part d’ombre sera à l’évidence un film de potes. Un vrai, sans concession, pas ceux trop souvent galvaudés par Hollywood ou par le symptôme « Les petits mouchoirs ».

Ainsi, Fabrizio Rongione (qui collabore de longue date avec Samuel Tilman, notamment sur les textes des Magritte) incarne David, le suspect, la clé de voûte ébranlée de cette bande d’amis. L’acteur déjà pas bien gros a perdu cinq kilos pour apparaître affaibli lors de son procès. À ses côtés, Natacha Régnier incarne Julie, la femme de David, une frondeuse, une meneuse. Un rôle dans lequel on n’a pas pris l’habitude de voir la souriante Natacha.

 

Soutenant ce duo, le spectateur aura la surprise de retrouver… Baptiste Lalieu, mieux connu sous le nom de Saule.

À quelques jours de la promotion de son nouvel album « L’éclaircie » (« j’ai le sens des paradoxes en jouant dans Une part d’ombre », nous confiera-t-il), le chanteur a fait des pieds et des mains pour participer à ce tournage. Et on le comprend, loin des caméos auxquels nous habituent certains chanteurs qui se rêvent acteurs, Saule se dégage tout de suite de cette catégorie pour camper Noël. Noël, c’est le meilleur ami de David, un boute-en-train qui va dépasser sa bonhomie pour innocenter à tout prix son ami, et rappeler à la raison les autres proches de David qui l’ont déjà catégorisé comme coupable.

Le reste de la bande sera incarné par Myriem Akheddiou (Cathy), Yoann Blanc (Fabian), Erika Sainte (Maud), Christophe Paou (Marco, l’avocat), Alain Eloy (Jacques, le directeur de l’école dans laquelle enseigne David) …

 

Sur les quelques heures passées sur le tournage, on a été emporté par les fous rires et la bonne humeur entretenus par les acteurs, et notamment Baptiste Lalieu et Natacha Régnier très complices. Samuel Tilman nous a expliqué comment il avait d’ailleurs forgé cet esprit d’équipe et de copains : en mettant tous les acteurs dans une même voiture qui les emmenait vers les Vosges.

 

« Une fois arrivés sur place après des heures de route, j’avais la bande de potes que j’espérais en face de moi. » Et tout porte à croire qu’une fois le tournage terminé, les séparations vont être difficiles et chagrinantes. Affaire à suivre. Toujours est-il que ce polar psychologique comme on n’a peu l’habitude d’en voir en francophonie belge promet beaucoup, sur papier !

 

 

 

Le film est produit par Eklektik  productions en coproduction avec Serendipity Films (Belgique), Good Fortune / Urban Factory (FR) et Point Prod (Ch). Il a reçu le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles, du Fonds Audiovisuel de Flandre (VAF), de la RTBF, BeTV, ScreenBrussels, le Tax Shelter   féderal, la Région Alsace, la Fondation Beaumarchais, la RTS, et Cinéforom.

 

A.S.

 

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