Carré Blanc
Le meilleur des mondes

Lors des BNP Paribas Fortis Film Days (voir ICI), vous pourrez découvrir en avant-première pour la Belgique, un film de  SF assez brutal, froid, inquiétant, passionnant. Il s’appelle Carré Blanc et c’est le premier long métrage  (assez court en fait, puisqu’il ne dépasse pas les 75 minutes)  de Jean-Baptiste Leonetti.

 

 

Ce film est ce qu’il est convenu de nommer une coproduction minoritaire. Le projet n’est pas belge mais il a été cofinancé par une société belge, Tarantula Belgique en l’occurrence. D’après des chiffres tout frais que nous avons recueillis hier, il semblerait ainsi que sur les 12 derniers mois, 15 films majoritairement produits à Bruxelles et en Wallonie sont sortis dans nos cinémas et que dans le même temps, le nombre de ces coproductions minoritaires était de 25. Voilà pour l’ordre de grandeur.

 

 

Dans Carré Blanc, outre de l’argent qui a permis au film de se monter et d’obtenir le support économique de différents mécanismes financiers, il y a par exemple des décors wallons (Cointe notamment), des comédiens de chez nous (comme Valérie Bodson) et surtout le savoir-faire de Digital Graphics, formidable société spécialisée dans le composing et les effets spéciaux, basée à Angleur.

 

Ce film qui raconte la tentative de rébellion d’un couple dans une horrible société totalitaire qui n’a de démocratiques que les apparences sera projeté aux Festivals de Toronto et de Sitgès, avant et après les BNP Paribas Fortis Film Days, donc.  Ce mercredi, il est sorti en France et au Luxembourg et a bénéficié d’un accueil très intéressé de la presse qui souligne son originalité, son intégrité et son jusqu’au-boutisme. Ainsi que les performances remarquables de ses acteurs. Extraits.

 

 

Sous le titre, « Carré blanc » – Une fable paranoïaque, Olivier De Bruyn analyse dans le Point les temps fort de ce film court et frappant : » Visiblement influencé par le Kubrick d’Orange mécanique et le Godard d’Alphaville, le cinéaste instaure un climat inquiétant et paranoïaque qui ne ressemble à aucun autre dans le cinéma français actuel. .. À noter également la prestation impressionnante de Sami Bouajila. Une confirmation, quelques mois après Omar m’a tuer, du talent décidément pluriel de l’acteur. »

 

Même ton enthousiaste chez Flavia Guéhéneuc sur Tout le Ciné qui souligne que « La construction des images est absolument géométrique, faite d’angles et de lignes. Le jeu des acteurs est aussi remarquable, si expressif dans son impassibilité. Nul doute que Jean-Baptiste Léonetti saura continuer à nous proposer des choses intéressantes et dignes d’intérêt. » Ou dans Télérama, sous la plume de  Cécile Mury : « … ce qui capte l’attention, c’est le style. En particulier dans l’extraordinaire prologue du film, où chaque image épaissit le mystère. Un homme assis derrière une vitre, comme catatonique, un rideau qui ondule près d’une fenêtre : dans des cadrages inquiétants, le cinéaste joue du silence et de la tension, invente son propre langage, hermétique et excitant. »

 

 

Sur le site Ecran Large, c’est Simon Riaux qui insiste sur l’économie de moyens qui, selon lui, détermine aussi l’essence du film:  » Comme en témoignent son économie générale, son nombre de personnages resserré, sa tendance à l’abstraction, ainsi que sa durée, le (pas si)long-métrage de Jean-Baptiste Leonetti est un film résolument modeste. Une humilité et des limites qui auront sans doute permis au réalisateur de tirer le meilleur parti de son histoire, de l’univers qu’elle déploie, ainsi que de Sami Bouajila et Julie Gayet, tous deux excellents dans des rôles sur le fil du rasoir »

 

 

On ne peut résister à la tentation de conclure avec un long extrait de la critique de Nicolas Gilli parue sur le site Excessif, qui est certes le plus enthousiastes que nous avons trouvés, mais qui justifie point par point et avec brio les raisons de cet élan : » Dans sa représentation d’un futur proche ou d’une réalité parallèle tout d’abord, avec cette société qui ressemble tant à la nôtre mais dont les pires aspects sont soulignés, accentués, changés en vertus. Dans son récit ensuite. Sec, violent, amoral, dans lequel la notion de personnalité se voit bafouée, où la mécanique du quotidien écrase tout, où les rapports physiques ne sont que brutalité. Dans l’opposition de ses personnages également, déshumanisés un peu plus à chaque séquence. Carré Blanc puise son cœur dans le cinéma de genre des années 70, de l’anticipation façon Soleil Vert au néo-film noir, et son corps dans la construction géométrique des cadres de Stanley Kubrick. Mais il s’affranchit de ces prestigieux aînés pour créer sa propre mythologie, une histoire d’amour tragique et le plus vicieux des mécanismes de vengeance, un drame social déroutant et un hymne à la révolution. De son épure totale dans la mise en scène immaculée, sublimant des décors lourds en symboles, il se dégage un hymne à la vie malgré ses tonalités glaciales. C’est un premier essai d’une maîtrise insolente porté par des acteurs remarquables. »

 

Ça donne envie, non?

 

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