HAMSTERs, la danse comme pulsion de vie

Hier soir était présenté en avant-première HAMSTERs, le nouveau film de Martine Doyen (Noël au balcon, Komma). Film expérience, tourné sans moyens en mode guérilla dans les rues des Marolles, ou encore, comme le dit la réalisatrice, une « fiction expérimentale improvisée avec les moyens du bord ». 

HAMSTERs observe la façon dont un phénomène d’hystérie collective, une manie dansante pareille à celle observée en 1564 à Molenbeek, se déclenche dans les Marolles. Des personnes « contaminées » se regroupent dans les rues pour danser frénétiquement. Elles n’ont rien en commun si ce n’est d’avoir assisté, de près ou de loin, à un attentat terroriste. Les danseurs déambulent entre les Marolliens, acteurs et habitants du quartier se croisent et se décroisent. Cette chanson de geste nourrie d’improvisation donne la parole aux corps meurtris par la violence, celle des attentats, mais aussi celles de notre monde, violence sociale, sentimentale, professionnelle, corporelle. La danse est libre, libre de chorégraphie, de style, de genre. Au commencement du récit, on observe une femme, en tenue de foot et casquette, qui s’exerce à dérouler quelques pas de ballet. Une chorégraphie gracieuse, qui contraste avec la posture de la danseuse quand elle arrête de danser, comme si cette danse formatée la contraignait, l’empêchait. On la retrouvera plus tard parmi la foule des danseurs libres, ceux qui dansent dans une pulsion de vie, ceux qui pourraient danser jusqu’à en mourir, comme l’on raconte que cela arriva au Moyen-Age.

 

Le film est traversé par plusieurs mouvements. La farandole des danseurs, bien sûr, mais aussi, en toile de fond sonore, des comptes-rendus radiophoniques internationaux de l’attentat du Musée juif de Bruxelles, en anglais, en allemand, en chinois. Il est aussi bercé de poésie, celle de Baudelaire. Il donne la parole au corps des danseurs qui investissent l’espace public comme pour répondre aux terroristes qui violent ce même espace, mais aussi aux âmes des habitants des Marolles, à travers des témoignages particuliers, oeuvre de mémoire.

Martine Doyen est réalisatrice. « Un peintre peint, un musicien fait de la musique, un sculpteur sculpte. Alors moi, il faut que je filme, non?! Peu importe comment, peu importe le budget, peu importe le matériel, » dit-elle. Au printemps dernier elle a tourné son deuxième long métrage de fiction avec une équipe professionnelle, No Fun, avec Sandrine Blancke et Sam Louwyck, nous vous parlions du tournage dans cet article. En attendant, HAMSTERs, film pulsion, était sélectionné en janvier dernier au Festival de Rotterdam, et fera l’objet d’une sortie le 12 juillet prochain, à Flagey au long de l’été, mais aussi dans quelques salles belges.

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