Nicole Palo: « Cette sélection à Venise, en vrai? J’en rêvais! »

Nous avons rencontré la cinéaste belge Nicole Palo qui présente ce week-end en clôture des Giornate degli autori à Venise son deuxième long métrage, Emma Peeters. A quelques jours de la projection, nous lui avons posé quelques questions sur le film et cette sélection…

D’où venez-vous, Nicole?

J’ai fait des études de journalisme, puis Elicit, formation en écriture de scénario à l’ULB. J’ai ensuite fait une école de cinéma au Danemark, mais j’ai mis un peu de temps à me lancer vraiment! Je suis du genre sage en fait, je commence par un parcours classique avant de me lâcher! J’ai travaillé pour le programme MEDIA, j’ai produit des documentaires. J’ai fait un premier court en 2006, Anna ne sait pas, et puis je suis tombée sur un appel à projets de Cinéastes Associés pour faire un film à micro-budget. J’ai écrit un scénario en 2 mois, et j’ai gagné le concours. Ca a pris un an de l’écriture à la diffusion de Get Born au FIFF. Mais c’était en 2008, et depuis, j’ai mis 10 ans à pouvoir développer mon nouveau projet.

Le film en quelques mots?

C’est l’histoire d’une jeune actrice de 35 ans, ce qui pour elle est clairement la date de péremption. Elle vit à Paris depuis 15 ans, a beaucoup galéré, mais n’a jamais rien fait de valeur à ses yeux. Elle en a marre, et décide de prendre en main son destin, en agissant sur la seule chose sur laquelle elle a prise: sa propre fin. Elle décide alors de se suicider le jour de son anniversaire. Pendant ses préparatifs, elle rencontre un employé de pompes funèbres, qui contre toute attente, va décider de l’aider… Ils sont tellement doués pour cacher leurs sentiments, qu’ils vont peut-être bien parvenir à faire réussir le projet d’Emma.

En bref, c’est une comédie existentielle, avec un peu d’humour noir, et de l’émotion aussi.

 

NICOLE.PALO - copie

D’où vient cette idée farfelue?

J’ai écrit un film sur le suicide pour ne pas le faire. Le suicide hein, pas le film! (rires) Plus sérieusement, j’ai connu quelques années un peu difficiles où j’avais l’impression que tout ce que je faisais était voué à l’échec. Ce projet est venu de ma frustration: que se passerait-il si quelqu’un décidait de tout envoyer balader, et le faisait vraiment? J’ai écrit le film comme un défouloir, je me suis amusée à traiter Emma Peeters avec beaucoup d’ironie, tout en y mettant beaucoup de moi. Elle a tous mes défauts! J’espère que ce film peut être comme une pilule thérapeutique pour tous les gens qui se sont dit un jour: « J’en ai marre de ma vie ».

La comédie comme exutoire en somme?

Oui, en abordant des sujets lourds comme la dépression et le suicide, en les traitant avec légèreté. Qu’est-ce qui se passe si je sais que je vais mourir demain? Finalement, c’est plutôt un film sur quelqu’un qui lâche prise, mais alors au pied de la lettre.

Pouvez-vous nous parler du casting?

Dans le rôle d’Emma,  je cherchais une actrice à l’aise dans la comédie, mais qui fasse croire à sa volonté de se suicider. J’avais vu ça dans le personnage de Monia Chorki dans Les Amours Imaginaires. Et puis son regard de réalisatrice s’est avéré vraiment très fin et très intelligent.

MoniaChokriVenisePRFactory

Pour Alex, je voulais un acteur un peu atypique, genre Adam Driver. J’ai repensé à Eldorado, et j’ai contacté Fabrice Adde. On a eu une sorte de coup de foudre artistique. En le rencontrant, je me suis dit: « Mince, mon personnage existe vraiment! »

Ca fait quoi la sélection à Venise?

En vrai? J’en rêvais! C’est un aboutissement pour le film, après un très long développement. 

Emma Peeters, avec Monia Chokri, Fabrice Adde, mais aussi Stéphanie Crayencour, Thomas Mustin, Jean-Henri Compère ou encore Andréa Ferreol est produit par Take Five, et devrait sortir sur les écrans belges au premier trimestre 2019.

 

Copyright photos Venise: @The PR Factory

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