Portrait : Myriem Akheddiou, l’hyperactive impétueuse.

Lors de notre rencontre avec la comédienne Myriem Akheddiou, la première question qui nous est venue à l’esprit est :  » mais quand trouve-t-elle le temps de dormir ? « .

 

Avec un agenda aussi chargé que celui d’un futur Premier Ministre, c’est à se demander si cette dernière ne se dédouble pas. A peine sortie des représentations de L’île au trésor (au Théâtre Royal du Parc), elle enchaîne déjà avec la pièce de Myriam Leroy, Cherche l’amour (au Théâtre de la Toison d’Or). Encore sur les plateaux de la série La Forêt pour France 3 il y a peu de temps avec Patrick Ridremont et Suzanne Clément – une des muses de Xavier Dolan -, elle jongle également avec son travail de doublage. Et pour finir, avec le tournage encore en cours du long-métrage de Samuel Tilman, Une part d’ombre, aux côtés de Natacha Régnier, Yoann Blanc, Erika Sainte mais surtout de son compagnon, Fabrizio Rongione.

 

 

Entretien avec une comédienne passionnée et hyperactive qui ne semble pas effrayée par les challenges qui se présentent à elle.

 

Et les challenges, c’est souvent le propre du métier d’acteur. Myriem le sait. Il y a déjà un an, elle tournait alors pour Fabrice Benchaouche dans le film Timgad, coproduit chez nous par Annabella Nezri pour Kwassa et présenté cette année au Festival International du Film francophone de Namur.

L’histoire raconte  comment un archéologue débarqué à Timgad (une cité antique du nord de l’Algérie) devient entraîneur de foot d’une petite équipe locale composé de mômes d’une douzaine d’années sans maillot ni chaussures, mais pourtant bourrée de talent. Myriem y incarne la mère d’un des membres de l’équipe.

 

 

Tourné en français mais également en arabe, le défi fut de taille : « C’était un magnifique cadeau, ce rôle. Pourtant, ce n’était pas gagné car je ne parlais pas l’arabe, j’ai été coachée pendant 4 semaines avant le tournage. La difficulté, c’était d’être crédible aussi bien dans cette langue qu’en français où certaines de mes répliques doivent être teintées d’un accent algérien. C’était flippant et à la fois excitant.  »

Un petit exploit mais qui a eu aussi ses inconvénients :  » C’était assez difficile car on a moins de liberté dans le jeu, on ne peut pas se permettre trop de propositions ou d’improvisation. Pareil pour votre partenaire, car vu que vous ne connaissez pas la langue, vous ne pouvez pas réagir de façon adéquate à sa réplique. Un exemple simple : le terme « pute » à une signification claire en français et on sait ce que ça fait résonner en soi quand il est dit. Si c’est en arabe, c’est juste un son, un mot « .

Quand on lui demande si elle met une partie d’elle-même dans chacun de ses rôles, la réponse est nette et sans équivoque :  » C’est forcé pour moi. Même si je ne voyais pas les choses de la même façon au début de ma carrière, aujourd’hui, j’ai tendance à penser que c’est le personnage qu’on doit tirer vers soi plutôt que soi qui irait vers le personnage. Je trouve qu’on ne peut bien jouer que ce que l’on comprend. C’est important de personnaliser un rôle, lui apporter une couleur personnelle plutôt que d’essayer de se glisser totalement en lui « .

 

 

 

Chez Myriem Akheddiou, on sent également une nécessité de se sentir en collaboration avec le metteur en scène :  » Plus jeune comédienne, j’avais tendance à être plus exécutante, essayant de correspondre à l’image que le réalisateur avait du personnage. Cela dit, on est toujours amené à le faire, d’une façon ou d’une autre. Vis-à-vis des contraintes techniques, par exemple. Mais c’est mille fois plus riche quand naît une vraie collaboration. Chacun amène sa pierre et même si des ajustements doivent arriver, tout ça passe par un travail d’équipe et c’est ça qui me plaît « .

 

Myriem avoue aussi que la profession a un côté très obnubilant : «  Ce travail, c’est passionnant et carrément obsessionnel (rires). Car dans le jeu d’acteur, y’a jamais de fond, y’a toujours moyen de s’améliorer pour être plus à l’écoute, être plus en réaction et aller vers une justesse, une liberté, une véracité. C’est tout le temps ou presque : je regarde un film et ça y est, je décortique, j’analyse, je cherche, je réfléchis. Avec mon compagnon, on en parle sans arrêt. C’est ça mon moteur. En fait, ce métier, c’est certainement une des premières façons de me définir « .

 

 

Quant à la légende bien connue qui dit que les comédiens sont tous un peu névrosés, Myriem ne contredit pas : « On va être honnête, faut être un peu névrosé pour jouer la comédie (sourire). Tout le monde l’est un peu, mais c’est vrai que chez les acteurs, on retrouve un rapport au monde qui n’est pas serein, qui est plus à vif. Certaines choses nous atteignent plus, je crois. Vu qu’on travaille sur les mécanismes de l’âme humaine, forcément, ça nous amène à nous pencher sur notre côté obscur. Et franchement, il ne faut pas avoir peur de ça. Je pense même qu’on a tout intérêt à jouer avec. C’est la plus grande force d’un comédien : jouer avec ses affres, ses mécanismes psychologiques et ses côtés sombres. En fait, ce métier, c’est une excuse pour les laisser ressortir (rires) « .

 

Et en ce qui concerne un projet futur avec son compagnon, Fabrizio Rongione :  » Il n’y a encore rien de prévu pour l’instant. Mais j’aimerais bien. Mais bon, ça fait un peu peur car on va certainement découvrir des parties de l’autre qu’on ne connaissait pas (rires). Je le connais en tant que compagnon mais pas tellement en tant que partenaire de jeu. Mais oui, ça me plairait beaucoup « .

 

L.M.

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