Retour sur… « La Vie sexuelle des Belges »

Avec La Vie sexuelle des Belges, le poète libertaire Jan Bucquoy livre un film d’amour et de politique, chronique décalée de la Belgique du milieu du siècle dernier retraçant les 28 premières années de l’homme et de l’amoureux Jan Bucquoy. Une sorte de Portrait de l’artiste en jeune homme en mode anarcho-burlesque, en somme. 

Nous sommes en 1950. Le film s’ouvre sur une musique très solennelle, nous plongeant dans un drame historique de grande ampleur. Un petit garçon vient de naître. celui-ci s’apprête à  nous raconter sa vie, qu’il débute ainsi: « Ma mère avait de beaux seins. Je m’en souviens bien, je les ai tétés pendant plus de deux ans. »

C’est à une autobiographie poétique que se livre Jan Bucquoy. Il va dérouler le fil de son existence au rythme des femmes de sa vie, celles qui sont restées, celles qui l’ont formé et déformé, celles qui n’ont fait que passer, de sa mère despotique à sa tante libérée, de son premier amour à sa première femme, en passant par toutes les autres, et même celles de cinéma. De son Harelbeke natale au Dolle mol de la Rue des Eperonniers, de la vie de province aux bancs de l’ULB, Bucquoy revient sur presque trente années d’éducation sentimentale. Et comme ce sont les années soixante puis septante, cette éducation sentimentale passe par les salles enfumées des bars de nuit, où femmes et hommes sont occupés à refaire le monde dans la liberté et l’allégresse. Ils refont le monde non sans contradiction d’ailleurs, et l’engagement politique ne résiste pas toujours à la blondeur éblouissante d’une chevelure qui passe.

Si le film se passe beaucoup au lit, et bien qu’il s’appelle La Vie sexuelle des Belges,  il n’y est pas tant question de sexe que d’amour, un amour polymorphe dont l’objet particulier change, tandis que l’objet général reste: « Je les aimais toutes, les femmes ». Après avoir beaucoup tâtonné, Jan Bucquoy finit par se dresser un portrait sans concession pour faire fuir une jeune femme trop attachée : « Je suis polygame, je vis dans les cafés, je suis nul pour le ménage, et je n’ai pas de pognon ».

Jan Bucquoy, qui passe d’ailleurs à l’occasion dans le plan, de même que son compère de toujours Noël Godin, est incarné à l’écran par Jean-Henri Compère, remarquable en jeune homme déboussolé mais résistant, qui en se cherchant nous permet de trouver un peu de la Belgique d’antan.

La Vie sexuelle des Belges, épinglé dans le cadre de la rétrospective 50/50, sera rediffusé ce vendredi 22 décembre à 22h30 à Bozar, dans le cadre du Be Film Festival.

 

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