Tiercé gagnant pour Eric Godon et Lygie Duvivier

Il était une fois… Toutes les belles histoires commencent ainsi. Et celle-ci l’est assurément.

Il était une fois, donc, un acteur omniprésent à l’écran, mais à qui il manque encore un grand premier rôle pour s’imposer complètement auprès du grand public. Un comédien qui a beaucoup d’atouts : un physique marquant, une élégance et une autorité naturelles… plus cette voix puissance et sensuelle qui fait fondre les dames.

Quand on veut camper rapidement un personnage mémorable, on fait appel à lui. Pourtant, notre homme vaut plus que cela. On le sait. Il le sait. Heureusement, Il a confiance en lui, en ses possibilités. Et il a un autre rêve : passer derrière la caméra.

 

 

 

 

« Si tu ne joues pas de ton violon, personne ne va le faire à ta place » dit un proverbe chinois qu’Eric Godon (c’est lui), a parfaitement intégré.

 

Car en Belgique, on produit finalement peu de films majoritaires (moins de quinze par an) et se faire une place dans ce concert n’est pas chose aisée. Quand, comme Éric, on est un fringant quinqua qui veut passer à autre chose, mais que la profession a « catalogué », il faut frapper FORT !

Alors notre homme décide de tenter un coup de folie. En juin dernier, il commence à écrire non pas un court métrage, mais trois. Histoire de faire le tour de la question et de frapper les imaginations. Dès septembre, il tourne : douze jours en tout.

« Finalement, le tournage est ce qui fut le plus facile », explique le réalisateur. « Mais on ne soupçonne pas la somme de travail qu’il y a autour : du montage, à la post prod, de la réalisation des DVD à l’organisation d’une avant-première comme celle-ci ».

 

 

Car Éric, notamment épaulé par une copine, attachée de presse, Valérie Cornélis, décide d’aller au bout de sa démarche, de continuer à frapper fort : organiser une projection des trois courts métrages dans un endroit classe. À Wolubilis.

Devant une salle comble? Objectif: réunir 500 personnes pour des courts métrages en one shot un lundi soir à Bruxelles. Le même soir que deux avant-premières médiatisées à quelques kilomètres. Pas possible ? Hé si, possible.

 

 

Ils sont venus, ils étaient tous là: salle pleine comme un œuf, ambiance chaleureuse. Et stress maximum pour le réalisateur. Car le premier aboutissement du pari est venu. Un parcours de 9 mois s’achève ici et le public aura le dernier mot. Même s’il est débutant en la matière, Eric Godon suscite beaucoup de curiosité et de grands espoirs. Personne ne sait vraiment ce qu’il va découvrir, mais chacun a plutôt confiance.

 

Tout au plus sait-on qu’une seule actrice est l’héroïne des trois films qui sont donc axés sur des personnages féminins. Une autre particularité.

 

[Emma]

 

La projection durera moins d’une heure, mais on est rassuré bien avant le générique final. Dès le premier court, on sent que la maîtrise est partout : maîtrise de l’écriture et des dialogues, de la direction d’acteurs, de la mise en scène élégante et de la photo. Une impression qui ira en s’amplifiant au fur et à mesure qu’Eric Godon alterne les climats et les genres avec une égale élégance.

 

Le triptyque Emma/Marguerite/Rosa révèle un réalisateur à l’aise dans l’émotion, l’humour, les situations déjantées, la tension et même, mais si, l’érotisme.  Pour résumer rapidement, disons qu’Emma est le plus classique des courts avec un enjeu émotionnel et un twist final revigorant, que Marguerite est un jeu de miroir déjanté entre cinéma et théâtre et que Rosa est un thriller De Palmesque à forte tension érotique (mais cent fois plus réussis que les récents essais de De Palma).

Ces films très différents sont aussi l’occasion d’une étonnante découverte : celle Lygie Duvivier, l’autre star de la soirée.

 

[Marguerite]

 

Lygie est au cours Florent quand Éric la repère. Le cadeau qu’il lui offre ici est un des plus formidables qu’on puisse imaginer. En trois films, l’auteur-réalisateur lui permet de démontrer une incroyable palette si bien qu’après quarante-cinq minutes, on se dit que cette demoiselle peut apparemment tout jouer avec la même aisance: émouvante dans Emma, elle est tour à tour impressionnante et hilarante dans Marguerite et terriblement… troublante dans Rosa. Et elle est formidablement belle.

Non seulement elle s’impose en trois quarts d’heure, mais en plus, elle le fait sur un créneau où on ne lui voit pas de concurrence chez nous. Bien joué, monsieur Godon !

 

[Rosa]


Autour d’elle, l’auteur/réalisateur a réuni une formidable équipe de comédiens : espiègle Suzy Falk, très sensuelle Carole Weyers, Laurent D’Elia amant/largué/cocu magnifiques, Patrick Descamps, Alexia Depicker, Camille Fernandez.

Des acteurs formidablement dirigés, d’une manière très homogène. Et naturelle. Aucune fausse note. Aucun moment de flottement. C’est très rare sur format court.

« Éric est acteur. Il sait exactement ce qu’il attend de nous et il sait comment nous expliquer ce qu’il veut », confirme Lygie.

Et Marguerite, n’oublions pas Marguerite. Interprète étonnante puisque c’est… une vache. On n’en dira pas plus sinon que l’idée est totalement surréaliste, mais succulente.

 

Dernier attrait des trois films: la photo de Michel Baudour. L’homme n’est pas un perdreau de l’année puisqu’il tourne depuis quarante ans. Dans ces trois courts, il travaille ses cadres et sa lumière de façon naturaliste, théâtrale ou nous offre dans un trip sophistiqué digne des plus élégantes publicités du moment. On associera à cette réussite le décorateur Luc Noël qui fait passer Rosa pour une super production ricaine.

 

 

Il faudrait revoir chaque court, séparément, pour en analyser les forces individuelles et les possibles faiblesses, mais l’impression d’ensemble donnée hier à Bruxelles est celle d’un coup de poing, de l’entrée tonitruante d’une team qui, c’est inévitable, va se lancer maintenant dans l’aventure du long.

« Je me mets à l’écriture dès demain matin », plaisante Eric Godon qui tient là une formidable carte de visite et une équipe taillée pour la route.

Ces trois courts ne sont qu’un début. Assurément.

 

 

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