Je suis un soldat : un film qui a du chien

A trente ans, Sandrine est obligée de retourner vivre chez sa mère. Elle n’a plus de boulot et ne peut plus continuer à payer son appartement.

Là, elle retrouve sa sœur et son beau-frère, eux aussi en standby en attendant de pouvoir terminer la construction de leur maison. Mais l’argent manque et le temps aussi, vu que leur boulot respectif qui paie mal leur prend beaucoup d’énergie.

 

Désœuvrée et sans horizon, elle accepte de travailler au chenil de son oncle. Ce n’est pas ce qu’elle attend de la vie, mais elle n’a pas trop le choix. Rapidement, elle trouve ses marques et fait tourner la boutique.

Mais elle ne va pas tarder à se rendre compte que le commerce cache en fait un immense trafic d’animaux venus des pays de l’Est au mépris des clients et plus encore des chiens traités comme la pire des marchandises.

Convaincue que pour s’en sortir dans ce monde ignoble, elle doit mettre les mains dans la boue, elle va laisser de côté son empathie naturelle et son sens de la morale. Elle n’hésite pas longtemps à monter en parallèle un petit business rentable au nez et à la barbe de sa famille.

 

 

Tel est le point de départ de Je suis un Soldat, un premier film intrigant, sélectionné d’emblée au Festival de Cannes dans la section Un Certain regard. Initié en France ce film a été coproduit en Belgique par Saga Film (Hubert Toint), tourné en grande partie chez nous avec des tas de comédiens d’ici.

 

 

Jugez plutôt: autour de Louise Bourgoin et Jean-Hugues Anglade, on retrouve dans un beau second rôle, Laurent Capelluto. Il joue ici un vétérinaire pas trop regardant sur l’éthique, mais fort sensible aux charmes féminisn.

À ses côtés sur l’écran : Philippe Résimont, Stéphanie Blanchoud, Jean-Benoit Ugeux, Pierre Lekeux, Ludivine Meulemans, Thibaud Paligot, Nicolas Janssens, Olivier Englebert, Bernard Eylenbosch, Geoffrey Boissy, Vincent Collin, Bernard Sens ou Nassim Ben Abdelmoumen. Et pleins de figurants recrutés par Anne Jacques.

 » Je suis un soldat, c’est l’histoire d’une fille qui essaie de s’en sortir », résume Laurent Larivière, son réalisateur, qui signe là son premier long métrages après six courts fort remarqués. « Le film est traversé par des thématiques, celle du déterminisme social, de la honte et de la violence des rapports familiaux. Celle aussi d’une invention possible de sa vie. C’est surtout un parcours, celui d’un combat et d’une libération, qui prend place dans un univers âpre : un chenil, un trafic de chiens, la réalité sociale du nord de la France. »

 

 

Le choix de la Belgique n’est en effet pas anodin, car le film se passe entre deux territoires: la France où se trouve le chenil et la Belgique où se déroule le trafic de chiens, précisément localisé dans la région de Charleroi.

À charge pour le vétérinaire frontalier de régler les petits soucis de papiers…

 

Laurent Larivière (c) Photo Jacques Couzinet

 

Un film de guerriers. Ce qui explique en partie le titre du film, comme le confirme le réalisateur:

« Je suis un soldat renvoie à trois idées. Sandrine  est un soldat parce qu’elle se bat sans  cesse et sur tous les fronts  : celui de la famille, de ses origines, de la réalité du monde qu’elle doit affronter, des circonstances, pour sa liberté. Elle combat avec ses propres armes : son instinct de survie, sa sincérité, sa force intérieure. Son inconscience et sa jeunesse. Elle est aussi le soldat d’Henri : elle est à sa solde. Il l’utilise pour faire fructifier son trafic jusqu’à l’envoyer au front lors de la livraison sur l’autoroute.

Le titre renvoie aussi aux  paroles de la chanson de Johnny  Hallyday, Quand revient la nuit que Sandrine  chante avec Lola pour l’anniversaire de Martine. Une chanson d’amour sur l’absence, sur la solitude, sur le retour impossible qui sont des thématiques qui lui sont propres.
Enfin, j’aime le contraste qui se dégage de ce terme guerrier associé à la figure féminine de Sandrine. »

 

Je suis un Soldat sera donc présenté aujourd’hui à Cannes, en sélection officielle. Il est également un des trois films à l’affiche de La Nuit du Palmarès qui retiendra toute notre attention dimanche à Bruxelles, Liège, Namur, Gand et Anvers (plus d’infos ici).

 

 

 

Check Also

#PODCAST: Les Rituels de Claude Schmitz

« Intrinsèquement, tout ça n’a surement aucun sens, mais c’est beau d’en inventer un. » Inventer un …