Nous 2459… (l’avant-première la plus dingue de la décennie)

L’an dernier, lorsque Nous Quatre a attiré 1100 spectateurs et rempli deux salles du Kinepolis Rocourt pour une avant-première événementielle que tout le monde pensait unique, nous avions cru que cette soirée serait le summum de la carrière d’un film réalisé pour 8000 euros par une équipe de passionnés doués. Une apothéose formidable.

Naïfs, que nous étions.

 

Porté par cette inattendue reconnaissance du public liégeois et surtout par l’unanimité des réactions en fin de séance, le réalisateur, Stéphane Hénocque, et sa garde rapprochée se sont mis à cogiter : le conte n’était peut-être pas terminée…

 

 

Il aura fallu un an de discussions, de travail, de dossiers, de travail, de palabres, d’hésitations et d’espoirs parfois déçus, de travail aussi, pour que l’aventure prenne un tour plus magique encore.

Pour la première fois de son existence, l’équipe du film était confrontée aux réalités économiques et bureaucratiques de la production cinématographique en Belgique, mais c’est finalement en restant sur le chemin des écoliers, en suivant ses propres convictions sans tenir compte des avis mitigés des professionnels, que la chrysalide est devenue papillon.

 

 

D’abord parce que l’équipe s’est étoffée, devenant une véritable structure de production avec laquelle il faudra désormais compter quand Philippes Delhaes, un Liégeois plein de bon sens et doté d’une énergie rare, a rejoint Marine Serra et les enthousiastes de la première heure : Stéphane Hénocque donc et Loïc Rossi, le tout premier à avoir cru au talent de son ami en investissant (largement) sur Ulule et en profitant aussi des vacances scolaires entre deux années de médecine pour discipliner la dynamique un peu fofolle de créatifs.

 

Mais la métaphore rebattue de la chrysalide s’applique surtout au film qui, cette année, a subi un spectaculaire lifting : remonté avec beaucoup de doigté, il a en outre été postproduit par un jeune professionnel talentueux (qui se destine à autre chose et ne veut pas qu’on le nomme, mais bravo à lui) sous la houlette entièrement bénévole de Paul Englebert, un des grands spécialistes belges du genre. Un travail de Bénédictin totalement dans l’esprit de l’entreprise : porté par l’enthousiasme, jamais par l’appât du gain.

 

Bref, une belle aventure comme on les rêve, surtout quand elle se termine comme celle-ci.

 

Hier matin, au Kinepolis, sur le coup de 9h30, le parking était déjà presque comble et le hall pris d’assaut. La séance, pourtant, n’était annoncée qu’à 11h, mais tout le monde avait voulu venir partager un petit déjeuner qui prenait soudain des allures de rassemblement populaire inédit.

 

Les chiffres sont connus et ils sont tout simplement hallucinants pour un film belge francophone, surtout produit à la marge comme celui-ci : 2.459 spectateurs en une matinée, dont 2.245 places… payantes. Là c’est clairement du jamais vu, les avant-premières étant en général réservées aux invités pour générer du buzz.

 

 

Il y avait aussi 40 places offertes à un média, 174 places pour l’équipe du film, leurs proches, la presse, les guests. En tout ce sont huit salles du Kinepolis (1-2-3-4-6-7-8-9) qui furent ainsi occupées dimanche matin, la présentation de l’équipe réalisée dans la salle 4 étant diffusée sur les écrans de toutes les autres salles. Une mise en place hyper professionnelle qu’avait déjà laissé imaginer la gigantesque toile tendue sur le fronton du Kinepolis ou les images filmées par un drone de l’extérieur du cinéma avec l’équipe rassemblée sur les marches.

Tout cela, c’est primordial à signaler, sans la moindre once d’arrogance, juste porté par une contagieuse bonne-humeur sincère qui a facilement contaminé les spectateurs, debout à l’issue de la projection pour une longue standing ovation (l’équipe passant rapidement de salle en salle) et, surtout, réunis ensuite devant une table où l’équipe dédicaçait CD et affiches pendant… deux heures. Diiiiingue !

 

 

Comme le dit, hilare, Philippe Reynaert venu assister à l’événement : on se croyait revenu à un concert des Beatles dans les années 60.

 

La remarque peut sembler amusante, mais elle est bien plus pertinente qu’elle ne paraît de prime abord. Les quatre acteurs principaux, objets de toutes les attentions, comme le réal, les musiciens qui ont composé la B.O. ou les rôles secondaires tous mémorables, ont en effet quelque chose des fab four au tout début de leur carrière : ils sont jeunes et beaux, talentueux bien sûr, et on ne les connaissait ni d’Eve ni d’Adam avant le tournage de ce film, leur toute première expérience devant une caméra. L’enthousiasme qu’ils ont suscité auprès d’un public venu en curieux pour découvrir ce film 120% wallon n’était pas feint ni grotesque : il faisait plaisir à voir d’autant que Justine Louis, Pierre Olivier, Florian Pâque ou François Huberty semblaient juste ébahis par le ramdam qu’ils déclenchaient. Un bain de fraîcheur, on vous dit…

 

 

Comme l’an dernier, nous pourrions dire que l’aventure se termine sur une note exceptionnelle, mais cette fois, nous savons pertinemment que l’histoire va continuer, quelques jours encore (au moins).

Dès dimanche prochain, Nous Quatre sera le film belge francophone des BNP Paribas Fortis Filmdays. Dimanche, Cinevox accueillera le film à Imagix Mons, lundi à l’Eldorado namurois et mardi à l’UGC Toison d’Or à Bruxelles
Dès mercredi 28, Nous Quatre sortira dans une dizaine de cinémas (Imagix, Cinepointcom, Eldorado, Kine, mais aussi dans des villes plus petites comme Waremme ou Malmedy).

Vu la conjoncture actuelle, on sait que la carrière du film en salles sera forcément compliquée, mais à ce moment la belle histoire aura de toute manière été beaucoup plus loin que tout ce qu’on pouvait espérer, plus loin que les rêves les plus fous de ceux qui ont participé à l’aventure.

Et puis, qui sait ? Avec l’incroyable bouche-à-oreille qui est en train de naître, les avis dithyrambiques partagés sur Facebook, on n’est pas à l’abri d’un miracle…

 

 

Aujourd’hui, nous vous avons uniquement évoqué l’événement, car l’histoire autour du film est sans aucun doute la plus exceptionnelle que nous avons vécue depuis la création de Cinevox. Et au-delà…
Vendredi, juste avant les Film Days, nous vous parlerons du film lui-même. Restez branchés !

 

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