Où ont-ils passé leurs vacances ?

La rentrée se profile, les derniers vacanciers s’apprêtent à remonter dans les avions, les trains et les voitures pour revenir au bercail. Ne vous affolez pas : vous n’avez rien raté. Un mois de juillet instable et un mois d’août unanimement gris et très frais pour la saison : la Belgique telle qu’en elle-même.

Et côté ciné ? Pas une seule sortie belge dans les salles. Pas une…

Mais où étaient donc les ressortissants belges ? Si vous fréquentez les réseaux sociaux, vous avez une partie de la réponse à cette question : vous avez été abreuvés de photos prises en Provence, de St Remy à St Tropez. La France, son tiers le plus méridional surtout, reste une destination prisée par nos compatriotes.

 

par Maryline Laurin

 

Les comédiens et réalisateurs que vous avez croisés tout au long de l’année sur vos écrans de cinéma ne font pas exception. Au contraire…

Mais y étaient-ils tous en villégiature, fuyant le mauvais temps de la Belgique ?

 

Pas sûr ! Certains étaient là-bas en vacances studieuses : imaginez-les, les pieds dans la piscine, un scénario à la main, tâchant de le mémoriser pour la rentrée. Pas simple avec le pastis. Ou encore, les doigts de pieds en éventails au bord de la Méditerranée en train de peaufiner les dialogues du long qu’ils préparent avec acharnement.
Mais la grande majorité des artistes belges était venue là… en représentation.

 

Comme dans la Rose pourpre du Caire de Woody Allen, les acteurs belges avaient quitté la toile blanche pour venir fouler les planches d’un des plus célèbres festivals au monde, celui d’Avignon.

 

 

Cette année pas moins de 38 compagnies belges étaient dans le Off du Festival d’Avignon.

Le In, n’était pas oublié non plus : parmi les spectacles qui ont connu le plus de succès, public et critique figuraient quatre spectacles belges Coup fatal de Platel, Huis et An old Monk  de l’incroyable acteur Josse de Pauw. Sans oublier la superbe et cinématographique pièce Notre peur de n’être, écrite et mise en scène par la valeur sûre belge qui monte plus vite que les meilleures actions du cac quarante :  Fabrice Murgia. Oui, le frère de…

Certains l’ont revu sur TV5 dans Melting pot café avec Stephane Bissot, mais cette année, il s’est surtout illustré sur la scène internationale avec la remise d’un Lion d’Agent pour son innovation à la Biennale de Venise 2014. Classe ! Et on attend toujours le film commun que les frérots nous promettent depuis des années

 

La réception pour Notre peur de n’être de Fabrice Murgia. On aperçoit Frédéric Delcor à côté du metteur en scène. A gauche, avec le sac rouge, c’est Olivier Py, le directeur du festival – Photo Maryline Laurin 

 

Cette année encore, vous l’aurez compris : impossible d’échapper au Belge dans la cité papale. À chaque coin de rue les affiches se multipliaient pour vendre du noir, or et rouge, de Je suis belge mais ça ne se voit pas, à La Belgique expliquée aux Français ou l’incontournable Faites l’amour avec un Belge !

 

Persuadés que pour terminer ces vacances, vous serez ravis de découvrir celles des autres, nous avons rencontré quelques-unes de ces personnalités belges aussi à l’aise sur les planches que sur les écrans : Tania Garbarski et Charlie Dupont , Fabrice et David Murgia, Jean François Ravagnan, Philippe Jeusette, Ismaël Saidi, Arnaud Demuynck… Tous ont brillé sous le soleil avignonnais.

 

 Photo :  Josse de Pauw à la sortie de An old Monk – Photo Maryline Laurin

 

Vous vous demandez sans doute pourquoi tant de personnalités de cinéma se retrouvent chaque année ou presque, à Avignon pour brûler les planches.

D’abord, et ce n’est un scoop pour personne, surtout depuis que tout le monde parle de ce statut d’artiste plus en danger que jamais, l’étroitesse du « marché » en Belgique rend assez difficile une spécialisation unique. Surtout si le comédien veut avoir une activité continue. Contrairement à la France, qui a tendance à cantonner ses acteurs dans une discipline précise, la Belgique favorise donc les échanges et les aller-retours entre les deux univers. Ce qui est une source d’enrichissement mutuel.

 

Et comme Avignon est le seul endroit où on peut voir autant de comédiens jouer, en même temps, il est assez normal qu’il se soit transformé en vivier à talents et soit devenu un lieu de rencontres incroyables.

 

 Vidéo de Jean François Ravagnan et  Giacinto Caponio pour  Notre peur de n’être Fabrice Mugia  –  ® Jean-Louis Fernandez09

 

Par ailleurs le théâtre est de plus en plus un spectacle pluridisciplinaire, utilisant la vidéo ou des projections filmiques… Si l’on part du principe que l’on parle fréquemment de théâtralité au cinéma et de « cinématographicité » au théâtre. Sans oublier ce que ces deux arts ont en commun : la mise en scène (mise en espace dans un plateau et direction d’acteur).

Rien de surprenant donc à ce que ces deux univers et leurs artistes s’y croisent. Mais plus encore, échangent, s’interrogent mutuellement et s’enrichissent continuellement.

 

À Avignon il y a même un théâtre qui s’appelle le Cinevox, c’est vous dire !

 

 Photo : Lucille Poulain

 

Olivier Py , le nouveau directeur du festival d’Avignon, est l’exemple de cette mixité, homme de théâtre, dramaturge, réalisateur, comédien de cinéma. Rappelons qu’il a joué dans le dernier film de Martin Provost, Violette avec Olivier Gourmet et Fabrizio Rongione.

 

Il a donné le ton en choisissant dans sa programmation des spectacles comme l’adaptation théâtrale par Ostermeier  d’un des films mythiques de Fassbinder, Le mariage de Maria Braun.  Fassbinder qui, lui-même, adaptait au cinéma certaines de ses pièces de théâtre.

Cette fois-ci, le metteur en scène Thomas Ostermeier a travaillé à partir d’un scénario pour le mettre en scène, en inventant une écriture scénique proche du montage et ne faisant pas regretter la caméra.

 

Olivier Py a également imaginé avec le cinéma art et essai l’Utopia, un programme qui s’intitule Les territoires cinématographiques avec l’aide de la SACD.
Il le définit comme un lieu de rencontre et de dialogue entre le spectacle vivant et le cinéma. Il s’agit de permettre au public de découvrir ou revoir des films en résonance avec la programmation jeune public du festival et de faire se croiser les regards entre cinéma et théâtre. C’est comme cela qu’on a pu revoir le Magritte 2014,  Ernest et Célestine et y retrouver Arnaud Demuynck, invité à présenter le parfum de la carotte 

 

 

Au fil de nos pérégrinations estivales, nous avons eu l’occasion d’interroger tous ces artistes à propos de cette intime relation entre cinéma et théâtre. Et de parler de leurs projets, cela va de soi.

 

 

Un peu plus loin dans la garrigue, cette campagne aride du Sud , s’est tenu un nouveau festival , le fameux et déjà très prisé Festival du cinéma belge à Nîmes et en garrigue ( du 16 au 21 juillet ) qui a reçu une partie du palmarès des Magritte de ces deux dernières années : Pablo Munoz Gomez, Sébastien Petit, Valéry Rosier, François Bierry et Fréderic Fonteyne en tête, venu faire l’ouverture.

 

Photo :  © Stéphanie Dubus

 

De quoi agiter le site de Cinevox toute cette semaine, vous ne croyez pas ?

Du coup, on se dit que le titre de cette série est sans doute un peu erroné. La question n’est pas vraiment « où les artistes belges partent en vacances ? », mais… « quand prennent-ils des vacances ? »

 

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