Vu du FIFF : JC comme Jésus Christ
Putain, Zaccaï !

Non, rassurez-vous, Namur ne vit pas sous un microclimat. C’est juste que nous avons découvert ce week-end JC comme Jésus-Christ, premier long métrage comme réalisateur de Jonathan Zaccaï et que nous sommes encore sous le choc de l’audace ! Car Jonathan ne lésine pas sur la largeur de la marge qu’il impose à son cinéma. C’est drôle (très), c’est impertinent (très très), c’est trash (parfois) et très réussi: en attestent les éclats de rire qui ont jalonné toutes les projections (de la vision de presse secouée par un Christophe Bourdon hilare) à la présentation officielle du dimanche soir (photos), suivie par un cortège de stars.

 

JC comme Jésus-Christ, est donc un faux reportage, un fake, qui s’attache aux basques d’un jeune prodige du cinéma. À 15 ans, il a décroché une Palme d’Or à Cannes (« Lars, lui, n’avait pas quinze ans, merde ») et quelques Césars. Là, il monte une comédie musicale… sur Marc Dutroux, qu’il a baptisée Dutroux in the Rain. « Je n’ai pas trouvé une idée plus horrible », avoue Jonathan Zaccaï, hilare. Sale gosse, va!

De fait, le projet excite l’appétit  des producteurs qui acceptent de confier à JC 20 millions d’Euros pour le tourner (plutôt 15 après réflexion, ce qui va provoquer une crise de nerfs épique). Et surtout : tous les acteurs sont prêts à se battre pour obtenir un rôle dans le film. JC verrait bien Cassel dans la peau du pédophile, mais Gilles Lellouche (oui, le vrai) vient lui-même plaider sa cause avec une verve outrageusement délirante. Une autre star tentera, elle aussi, de persuader le réalisateur qu’il EST Dutroux. Mais à ce stade, il tient à garder l’anonymat (il n’y parviendra pas). Car oui, on croise ici une pléiade de vedettes incarnant leur propre rôle : Claire Chazal, tellement inattendue qui ouvre la première scène, Lellouche donc, Elsa Zilberstein, Aure Attika… Entre autres. Joli carnet d’adresses, l’ami Jona. S’ajoute à cela d’autres visages connus comme Tania Gabarski totalement déjantée qui revendique le rôle de Michèle Martin et se lâche totalement. Ou moins connus : « le mari de Tania dans le film n’est pas acteur, c’est un pote turc et la mère de JC, c’est Elodie Hesme, ma femme, explique Jonathan. D’ailleurs l’appartement de JC, c’est notre appartement ». Home made movie donc. Le talent fait la différence.

 

Jonathan ne se contente d’ailleurs pas de diriger : il joue le réalisateur du docu en train de se tourner sur JC. Impossible dès lors à ne pas penser à l’inoxydable C’est Arrivé près de chez vous.

« Franchement, ça n’a jamais été une influence consciente », nous explique Jonathan. « Je n’y ai pas songé pendant l’écriture ni le tournage. Mais je suppose que c’est normal qu’on en parle, car il y a quelques analogies. Et puis, ce film est un mythe. Un monument. Donc, ça ne me dérange pas qu’on voie des ressemblances. »

On ne peut pas non plus ne pas évoquer Le Bal des Actrices de Nolwenn Le Besco, car les comédiens qui se prêtent au caméo (à Namur, c’est classe) étant constamment dans le décalage d’image. Et ça, c’est irrésistible.

 

Pour incarner le jeune Mozart du cinéma, Jonathan a choisi Vincent Lacoste. Ou plutôt, c’est Vincent Lacoste lui-même qui a inspiré le film. Jonathan qui préparait un tout autre tournage l’a rencontré pour lui proposer le rôle d’un artiste précoce que tout le monde prend pour un Dieu. Lorsque Jonathan laisse tomber ce projet (Tout le Monde peut se tromper), il décide d’écrire dans l’urgence un scénario basé tout entier sur ce personnage improbable. Lacoste accepte l’offre. Et vogue la galère !

 

 » Il est incroyable », s’extasie Jonathan. « Il est tout le temps bon. À chaque prise. Parfois, il est un peu meilleur, parfois juste un peu moins excellent, mais à la limite, toutes les prises sont exploitables. »

De fait, il est bluffant, et très sobre dans l’ensemble, ce qui densifie le récit, oscillant sans cesse entre grosse farce jouée fort sérieusement et petits faits de la vie banale qui ajoutent au trouble ambiant. Il est la clef de voûte de ce projet insensé qui épate par son audace (ne quittez surtout pas votre siège au début du générique, une des séquences les plus exquises  est encore à venir), et sa liberté de ton.

 

JC comme Jésus Christ ne parviendra qu’en février dans les salles. On aura donc le temps d’en reparler. Et surtout, les distributeurs auront tout le loisir d’orchestrer une sortie susceptible de capter l’attention du plus grand nombre, car ce long métrage voulu, écrit et conçu dans l’urgence est finalement une œuvre capable de faire se bidonner un public (plutôt cinéphile) assez conséquent. C’est tout le mal qu’on souhaite à Jonathan qui a pris un tel pied avec cette nouvelle expérience qu’il imagine déjà une seconde aventure

« Ce sera différent, sans doute un peu plus classique dans la forme, mais j’adore l’idée de base et le casting que j’aimerais mettre sur pied devrait être du tonnerre de Dieu. Cette fois, je vais prendre plus de temps, car j’ai besoin d’un financement plus conséquent pour mener ce projet à bien. Espérons que JC m’aidera à convaincre les producteurs. »

 

Des perspectives emballantes qui ne doivent pas nous faire perdre de vue un présent enthousiasmant: JC est là et bien là.

Alléluia !

 

[Arrivée des invités à l’avant-première du dimanche soir]

 

[Tania Garbarski en freestyle désopilant dans le film et Jonathan Zaccaï, réal et ami]

 

[Charlie Dupont venu soutenir sa belle et ses potes]


[Philippe Bourgueil monteur superstar et coréalisateur des fameux  Qui est là?]

 

[Vincent Lacoste, JC et Sylvain Goldberg qui a coproduit le film en Belgique avec Serge de Poucques pour Nexus Factory]

 

[Philippe Reynaert, présentateur de CineStation et directeur de Wallimage, en visite de courtoisie pour découvrir la comédie de ses amis les plus allumés]

 

[Sylvain Goldberg, coproducteur belge (Nexus factory), Tania Garbarski, Vincent Lacoste et le réalisateur-scénariste-acteur Jonathan Zaccaï sur scène juste avant de lancer le film pour la première fois en pâture au public]

 

 

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