Welp : Louveteaux vs enfant-loup

Un film d’horreur belge? L’annonce du projet, puis sa mise en production (lire ici) ont fait pas mal de bruit.

Au prestigieux festival du film fantastique de Sitgès, Welp (titre international Cub) a remporté le Méliès d’Argent tandis que le jeune Jonas Govaerts y était sacré meilleur réalisateur. Rien que ça…

Tourné dans les forêts belges, le film raconte le (dernier) voyage d’une bande de scouts flamands qui décident de passer leurs vacances en montant un camp en Wallonie.

Le film sort aujourd’hui sur les écrans belges : Happy Halloween !

 

 

Dès leur arrivée, ils traversent une cité industrielle jonchée de poubelles, sont accueillis par deux barakis de compétition (dont un Ymanol Perset jubilatoire) et un agent de quartier benêt en mobylette (Jean-Michel Balthazar). Et si tout le monde les décourage d’aller s’installer dans les bois c’est que quelques ouvriers licenciés à la fermeture de leur usine s’y sont suicidés, d’autres y errent peut-être encore.

Sacrés losers, ces Wallons…

 

 

La caricature pourrait sembler irritante, mais elle est juste hilarante. Car même si Welp est un vrai film d’horreur, c’est aussi un long métrage qui s’amuse de tout, bourré de clins d’œil (jusque dans la musique). Un exemple? Le patelin dans lequel les scouts débarquent s’appelle Castelroque. Les fans de Stephen King apprécieront.

 

L’intrigue se focalise rapidement sur Sam. Il a douze ans, il est vif et doté d’une imagination fertile. Tellement fertile que, parfois, il voit des choses un peu farfelues au grand dam de ses proches. Lorsqu’il prétend avoir découvert une cabane mystérieuse en haut d’un arbre et dit avoir aperçu un enfant masqué à l’aspect sauvage, personne ne prête vraiment attention à ses délires. Big mistake ! Non seulement ce sauvageon existe, mais il n’est pas seul à hanter les bois. Marauder, un sinistre psychopathe a parsemé la forêt de pièges ingénieux et cruels. Son objectif ? Éliminer les intrus, un par un. Sans pitié.

 

« Sans quoi? Sans pitié! Ha, pitié? Beuh, connais pas. »

 

 

La bande-annonce que vous pouvez regarder ICI campe remarquablement le propos et le climat, mais Welp va bien au-delà. Comme dans tous les classiques du genre, le film se découpe en plusieurs actes : la présentation, l’arrivée, l’installation, le début du malaise, la traque, le massacre.

 

Pas question pour Jonas Govaerts de déroger à la règle. Ni même d’innover vraiment. Le jeu est, au contraire, de rester à l’intérieur des canevas et de se forger une identité dans un schéma bien établi. En tentant de sublimer chaque figure de style.

Les atouts de Welp sont multiples: la photo de Nicolas Karakatsanis (Rundskop) est léchée et bourrée d’ambiance, l’interprétation est de haut vol et les petits Belges s’offrent, au final, quelques excès que le réalisateur américain moyen n’osera pas imiter.

 

 

Pour Welp, la production a casté une bande de gamins, tous attachants dont l’épatant Maurice Luijten, qui campe Sam, personnage-clef du film. Elle les a encadrés avec trois jeunes comédiens confirmés : la délicieuse Evelien Bosman qui (pardonnez-nous cette liberté de langage, mais nous sommes ici entre adultes consentants) va s’en prendre plein la gueule, Titus De Voogd (un des tortionnaires de Ben X qui vient de tourner la série The missing) et Stef Aerts (héros de Adem/Oxygène) qui va donner un sens nouveau à l’expression triviale « se prendre un arbre ».

Dans le rôle du chasseur, un Jan Hammenecker méconnaissable en croquemitaine effrayant qui a fait un très gros travail en postsynchronisation pour gommer tout éventuel accent flamand de sa voix. Impressionnant.

 

Bref, un casting de haut vol, cohérent et impressionnant, ce qui n’est pas forcément toujours le cas de ce genre de films.

 

 

 

Œuvre de vrais fans qui maîtrisent leur sujet, Welp est ludique, mais, au fur et à mesure, qu’il progresse, de plus en plus noir et inquiétant. La violence suggérée au début devient plus explicite, voire carrément gore sur la fin. Cette gradation devrait être la base de tout bon film de genre, mais est de plus en plus souvent ignorée par des cinéastes qui veulent en montrer un max d’entrée de jeu.

 

Autre axe fort du film: il ne met pas les points sur le i. Plusieurs éléments restent flous, ouverts à la réflexion et à la discussion. Mais naturellement, nous n’en dirons pas plus. Spoiler, passe ton chemin !

 

 

Présenté en séance de minuit à Toronto (sous son titre international, Cub),  il a déclenché l’enthousiasme de la salle pleine à craquer et continue son parcours dans les différents temples du genre. Ce week-end, il a été doublement sacré au festival de Sitgès.

Welp sortira dans les cinémas belges pour Halloween. Évidemment…

 

[En Wallonie, le film pourrait s’appeler Louveteau. On vous tient au courant]

 

 

 

 

 

 

 

 

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