3 questions à… Camille Sansterre

Camille Sansterre, est une actrice et metteuse en scène belge et bruxelloise Bruxelles, diplômée de l’IAD en 2011. Elle travaille pour le théâtre comme pour le cinéma (Mr Nobody) ou la télévision (Les Rivières Pourpres, Le Viol). Sa prochaine mise en scène, Carcasse, sera présentée au Rideau de Bruxelles en janvier. Elle sera à l’affiche dès demain de La Fracture, le nouveau film de Catherine Corsini, avec Valeria Bruni-Tedeschi, Marina Foïs et Pio Marmaï, Prix RTBF et Prix BeTV au dernier Festival International du Film Francophone de Namur.

Quelques mots sur votre personnage dans La Fracture?

Ce qui était très intéressant avec le personnage d’Elodie, c’est qu’il est inspiré d’une vraie personne. Ce que le personnage dit dans le film, notamment au moment du scanner, un moment bouleversant, c’est ce qu’elle a dit en vrai, ce sont des paroles qui lui appartiennent. Je l’ai beaucoup observée en vidéo, je me suis intéressée à son parcours. Il s’agissait de mettre en lumière quelqu’un de la vraie vie, et de lui lui rendre hommage avec le plus de sincérité possible. Et derrière Elodie, il y a tous les autres gilets jaunes, un grand nombre de gens à avoir poursuivi vaille que vaille ce mouvement, à avoir répété leurs revendications, en se faisant casser la gueule. Il fallait trouver le bon endroit, pour se sentir légitime.

La vraie Elodie aurait d’ailleurs pu jouer son propre rôle, comme c’est le cas de certain·es des soignant·es dans le film, mais Catherine Corsini a fait le pari de la fiction, de l’incarnation. Même si c’est un rôle court, c’est un rôle important, car il vise à rendre hommage à des personnes invisibilisées, qui peinent à se faire entendre. C’était une certaine forme de responsabilité pour moi. Contribuer à faire entendre un discours, souvent récupéré voire déformé par les médias.

Le film joue d’ailleurs de la mise tension entre les « stars », Valeria Bruni-Tedeschi, Marina Foïs, qui incarnent des quidams à l’hôpital, et la présence de personnages et personnes qui représentent celleux qu’on n’entend jamais, entre la fiction et le documentaire.

Oui, complètement, que ce soit les revendications des gilets jaunes, ou les revendications du monde médical. La plupart des soignant·es du film sont des professionnel·les de la santé dans la vraie vie, ce qui crée un contraste très fort, entre leur naturel, leur véracité, et le jeu. C’était assez saisissant de se trouver à la croisée de ces deux mondes, et de la façon dont le cinéma peut aussi amener cela, rendre visible un milieu médical très peu soutenu et considéré. Le film leur donne une voix. Ce n’est pas juste un discours, une pose pour Catherine Corsini, c’est une motivation profonde et citoyenne.

Qu’est-ce que vous trouvez de plus fort dans le film?

Il y a une pulsion de vie incroyable, le montage est dingue. Ca fuse comme des balles, on est emporté dans un mouvement qui ne s’arrête jamais, ce qui restitue très bien l’ambiance des urgences, surtout dans ce contexte où les gilets jaunes viennent se réfugier dans l’hôpital. Cette ligne de tension est hyper bien tenue.

Et en même temps, Catherine Corsini réussit très bien le contraste entre cette chose extrêmement tendue, et une certaine forme d’humour, des moments très lumineux. Elle nous soulève, elle nous élève, grâce aux performances de Valeria Bruni-Tedeschi, Marina Foïs et Pio Marmaï.

C’est un travail très émouvant, avec le réel. J’aime aussi qu’on y entende le vrai discours des aide-soignant·es, et des gilets jaunes. Cette part de documentaire fait du bien.

C’est quoi le plus grand défi aujourd’hui pour une jeune comédienne et metteuse en scène, pour trouver sa place dans l’industrie?

Pour moi, le plus grand défi c’est de rester le plus authentique possible, et de faire des choix qui correspondent à mes convictions. C’est très important pour moi d’être dans des projets qui posent des questions sociétales, qui vont au devant des enjeux du monde contemporain, si pas forcément pour faire bouger directement les choses, en tous cas pour les questionner. C’est ça le défi, trouver des projets où on soulève des interrogations sociétales, et qui ont une certaine forme de nécessité. Essayer de garder une forme de nécessité. Et forcément, on ne rencontre pas des projets nécessaires à tous les coins de rue, il faut donc lutter pour garder le cap. En acceptant que je travaillerai peut-être moins, mais que tous les projets dans lesquels je pourrai m’inscrire feront sens pour moi.

 

 

Check Also

Raphaël Balboni: « La Fête du court métrage »

Raphaël Balboni et Ann Sirot parrainent La 3e Fête du court métrage qui se tiendra …