Cinevox Le cinéma vu par les belges
2016, c’est presque fini! En cette dernière semaine, on revient sur l’année du cinéma belge en 6 moments marquants…
Episode 3.
Le 21 février, un étrange phénomène voit le jour: l’avenir du cinéma belge francophone pourrait bien passer par… le petit écran. En ce dimanche soir hivernal, la RTBF diffuse le premier épisode de La Trêve, première série produite suite au nouveau fonds mis en place par la RTBF et le Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel pour initier la production de séries belges, et permettre aux téléspectateurs belges de découvrir leurs talents, leurs histoires et leur pays dans la petite lucarne. L’agitation monte, car les échos sur la série que peu ont vue sont excellents, et le pedigree des équipes intrigue. Si la trame est assez classique (un meurtre surgit au sein d’une petite communauté, dont tous les membres sont des coupables potentiels du meurtre quand ils ne sont pas coupables avérés d’autres méfaits), la forme surprend. Aux manettes, on retrouve des noms venus du cinéma, court, long métrage ou documentaire. La série est écrite et créée par un trio: Stephane Bergmans (Millionnaires, Mijn Ouders et moi), Benjamin D’Aoust (notamment Magritte du meilleur documentaire en 2014 pour La Nuit qu’on suppose), et Matthieu Donck (réalisateur du long métrage Torpedo avec François Damiens et Audrey Dana). A la production, Hélicotronc , que l’on connaît surtout pour sa politique d’accompagnement de jeunes auteurs du court au long métrage. La Trêve rencontre un succès immédiat, et à l’issue de la diffusion du 10ème épisode, réalise l’exploit d’afficher une part d’audience moyenne de 22,3%, augmentant les performances de la case de près de 4 points! Les spectateurs belges (re)découvrent pendant 5 semaines une flopée de comédiens belges qui jouent avec enthousiasme le jeu de la série: Yoann Blanc, héros renfrogné mais opiniâtre, mais aussi Catherine Salée, Anne Coesens, Guillaume Kerbusch, Sophie Breyer, Sophie Maréchal, Thomas Mustin, Sam Louwyck, Toma Audenaert, pour n’en citer que quelques-uns…
Quelques semaines plus tard, c’est au tour d’Ennemi Public de faire les beaux dimanches soir de La Une, là aussi avec un casting quatre étoiles qui révèle aux yeux du grand public d’incroyables comédiens (Stéphanie Blanchoud, Angelo Bison, Jean-Jacques Rausin, Clément Manuel, Philippe Jeusette, Vincent Londez, Laura Sépul…). L’audience est à nouveau au rendez-vous (22,8% de PDA), et comme La Trêve, Ennemi Public semble répondre à une soif inextinguible du public belge: qu’on lui parle de lui, avec respect et qualité. Ennemi Public, série créée par Antoine Bours, Gilles de Voghel, Matthieu Frances et Christopher Yates, est produite par Entre Chien et Loup, là aussi une société historique versée jusqu’ici sur les productions cinématographiques.
Cerise sur le gâteau, ces séries créées en Belgique pour le public belge s’exportent avec succès. Elles triomphent dans les festivals dédiés (notamment à Séries Mania), et sont largement diffusées à l’international. La Trêve a déjà été montré avec succès sur France 2 à la rentrée, et l’on attend la diffusion d’Ennemi Public sur TF1. La série a également été vendue en Allemagne, en Angleterre, en Pologne, en Scandinavie, en Espagne, et l’on découvrait il y a quelques jours avec une certaine fierté nationale l’affiche anglaise de The Break, diffusé sur Netflix notamment aux Etats-Unis, au Canada ou en Angleterre!
La Trêve et Ennemi Public marquent le début d’un nouveau mouvement dans le paysage audiovisuel belge francophone, actant une porosité assumée entre petit et grand écran, mais aussi avec la scène théâtrale. Le tournage des deuxième saisons de La Trêve et Ennemi Public sont prévues pour le printemps, et les prochaines séries annoncées sont Unité 42 (tournage cet hiver) et e-Legal, dont le tournage vient de s’achever, et la diffusion est annoncée au printemps.
