« Asile »: passé l’exil

Chaque année, plusieurs milliers de Mineurs Étrangers Non Accompagnés arrivent en Belgique. Une majorité d’entre eux vient y demander l’asile, comme Sahil, un jeune Afghan de 15 ans. Après être passé par plusieurs centres pendant près d’un an, Sahil intègre une famille d’accueil. Ce nouveau cadre est l’espoir d’une vie plus stable dans l’attente du verdict de l’office des étrangers.

Sahil est à l’âge où l’on compte encore en 1/2 années. Il a 16 ans et demi. Il vient d’Afghanistan, mais il l’a quittée à 14 ans et demi. Une nuit où les coups de feu ont retenti chez lui. Une fois de trop.

Sahil est mort déjà deux fois. Une fois en Afghanistan, en essayant d’échapper aux balles. Une fois lors de son périple, lorsqu’il a perdu son frère.

Sahil a peur de mourir une troisième fois, ici, en Belgique, en devenant un « négatif ». Un mineur auquel on a refusé le droit d’asile.

Victor Ridley accompagne Sahil tout au long de son parcours d’exil. A l’arrivée, en centre d’accueil, avec les autres mineurs isolés, puis en famille, et enfin lors du chemin de croix des auditions pour évaluer sa demande d’asile.

Le réalisateur interroge Sahil à la (presque?) fin de son parcours. Il livre un récit rétrospectif sur l’épreuve traversée.

Asile dresse le portrait d’un ado presque comme les autres, qui se livre avec ses copains, danse sur Snapchat ou rigole un peu trop fort dans la rue. Un ado épuisé par un parcours administratif éreintant, qui le pousse aux confins de la folie.

Avec pudeur, le cinéaste l’accompagne dans le centre psychiatrique où il est traité, alors qu’il attend la réponse à sa demande d’asile. Sahil entend des voix. S’il est soutenu et encadré tout au long du chemin, il n’en est pas moins déraciné et désemparé, à des années lumière de sa famille et ses proches.

« Les choses pourraient être simples », se dit-il. Peut-être. Un jour. Mais en attendant, il doit sans cesse prouver et prouver encore que son père est bien son père, que les raisons de son exil sont compatibles avec ce qui devient pour lui un Graal de plus en plus inaccessible: devenir un « positif ». Rester dans sa famille d’accueil passée sa majorité. Etudier, et se projeter vers l’avenir.

Asile humanise à travers le regard de Sahil un parcours d’exil unique et pourtant partagé par d’innombrables mineurs en Belgique et partout dans le monde.

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