BBC + HBO = Benuts !
Belgique, terre d’accueil

Pendant que les grincheux se lamentent sur le triste état supposé de notre pays, des entrepreneurs innovent et changent petit à petit le paysage audiovisuel d’ici.

Remontons le temps. Il y a dix ans, c’était le désert: peu de sociétés spécialisées dans le cinéma, peu de travail pour les techniciens belges ou les acteurs qui devaient s’exporter. Des mesures radicales ont alors été prises : à côté des investissements culturels des communautés française et flamande qui permettaient à des artistes de s’exprimer un peu plus sereinement, les Régions wallonne puis bruxelloise (qui seront sans doute bientôt imitée par la Région flamande) ont lancé des fonds économiques. En 2003, l’État fédéral a mis le feu aux poudres avec le TaxShelter, un mécanisme fiscal qui donne l’occasion à des tas de gens d’investir dans le cinéma et qu’aujourd’hui les producteurs du monde entier nous envient…

 

Résultat: on tourne en Belgique. Partout! Des entreprises sont nées et des sociétés françaises ont établi chez nous des filiales qui font travailler les techniciens d’ici. Nos artistes sont tellement sollicités qu’ils vivent enfin confortablement de leur talent, rémunérés à la hauteur de leurs qualités; nos acteurs sont sur tous les fronts.

De la SF? Non, pas du tout. Juste l’actualité quotidienne, la vérité du terrain. Il est bon de signaler que oui, certains trains arrivent aussi à l’heure !

 

On vous a déjà parlé du phénomène de plus en plus courant des coproductions minoritaires, ces projets étrangers filmés ou postproduits chez nous.

Récemment, Le Palais des tentures d’Ollie Hartmoed, une  hollandaise qu’on devrait découvrir aux environs de Noël est venue se tourner chez nous. Et cette fois, c’est la BBC et HBO, sans doute la meilleure chaîne câblée américaine (The Wire Boardwalk Empire, Rome, Carnival, The SopranosOzSix Feet Under ou Generation Kill, on y revient plus bas…), qui exportent en Flandre et en Wallonie, du côté d’Éghezée, le plateau de la série Parade’s End.  Cerise sur le gâteau, c’est Benuts, une société belge qui réalisera les effets spéciaux de cette entreprise de prestige qui sera diffusée dans le monde entier.

 

Installée à Bruxelles et à Mons (au sein du Microsoft center) avec un siège social à Namur, Benuts est né du rachat de Victor 3D autrefois implantée à Genval par Wizz et Digital District, deux studios parisiens. Son slogan frappe fort et juste: « you don’t have to be nuts to make special effets but it helps a lot. » On n’en doute pas…

 

Sur la photo ci-dessus, vous découvrirez d’ailleurs avec Abel et Gordon, trois des membres de Benuts qui ont travaillé sur La Fée, preuve que… qui se ressemble s’assemble.

La nouvelle société créative est dédiée à l’image et propose des prestations 3D et VFX de haut niveau qui attire en Belgique des producteurs parmi les plus exigeants.

Stéphane Rigotti, le manager de la compagnie veut renforcer le positionnement de Benuts dans le monde de la pub, mais aussi de consolider son activité dans le 7e art. Notamment dans le long métrage en 3D-stéréo. L’année dernière, Benuts a travaillé sur Amphibious 3D de Brian Yuzna, élu meilleur long-métrage au festival 3D Stereo Media. La société a enchaîné avec The Magic Crystal qui doit encore arriver dans nos salles.

 

En 2010 Benuts est aussi intervenu sur Zot van A et Swooni. En 2011 sur  Tony Ten, 30° couleurs, Gooische vrouwen avant d’enchaîner avec Clo Clo, Fly me to the moon. Excusez du peu…

 

Alors, oui, effectivement, quand des producteurs internationaux viennent chez nous, leurs motivations sont avant tout économiques. C’est de bonne guerre. Mais là où certains pays d’Asie ou d’Europe centrale proposent des services au rabais, nos techniciens sont payés, eux, au prix du marché. Comme leur expertise est de haut niveau, totalement en phase avec ce qui se fait ailleurs, ce sont les financements régionaux et autres mécanismes fiscaux qui font la différence.  Dans ce domaine, la Belgique a pu se rendre compétitive. C’est bon de le savoir…

 

Car Parade’s End est d’ailleurs loin d’être une série au rabais. Pour les deux chaînes qui la coproduisent, c’est au contraire un produit de prestige destiné à capter l’attention d’une audience haut de gamme, une audience mondiale. La réalisation a été confiée à la Britannique Susanna White qui avait enchanté HBO avec une autre minisérie : Generation Kill et qui réussit dans la foulée son crossover vers le grand écran avec le deuxième volet fort sympathique des aventures de Nanny McPhee.  Elle travaille sur un scénario de Tom Parfitt (Shakespeare in love),  basé sur la quadrilogie du Britannique Madox Ford. Côté casting, les télés ont misé sur du solide et du flamboyant : Rebecca Hall que le public a découverte dans Vicky Cristina Barcelona de Woody Allen) y partage le haut de l’affiche avec Benedict Cumberbatch (Atonement).

 

Le 10 octobre,  Parade’s end s’est installé à Nieuport. Le tournage qui durera quatre mois passera sept semaines en Belgique : à la villa Hurlebise de Nieuport donc, mais aussi, à Aalter, Furnes, Rotselaar, Schaerbeek Saint-Gilles ou Éghezée pour des scènes d’action au milieu des tranchées. Parade’s End se déroule en effet durant la Première Guerre mondiale et raconte le chassé-croisé entre un aristo british, sa femme revêche et une jeune suffragette qui va faire chavirer son cœur.

 

Cette minisérie est basée sur un schéma identique à ceux de The Pacific ou Mildred Pierce, deux œuvres à succès mises en chantier par HBO. Elle comptera en tout cinq épisodes d’une heure dans lesquels on apercevra des acteurs flamands assez connus comme Jurgen Delnaet (Moscow Belgium) et Hilde Heijnen. C’est le compositeur belge Dirk Brossé qui écrit la musique de la Parade’s End, complétant ainsi la touche belge de cette entreprise.

 

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