Bon anniversaire mademoiselle !

Elle fait partie de ces dames d’un certain âge dont l’allure un peu classique s’assorti d’un fort esprit d’à-propos et d’une certaine espièglerie. De celles à qui la révolution numérique ne fait pas peur, bien au contraire. De celles dont la mémoire intacte promet des heures de découvertes passionnantes à qui prend le temps. Celui d’un samedi d’automne, la Cinémathèque de la Fédération Wallonie-Bruxelles – c’est d’elle qu’il s’agit – fête ses 70 ans à BOZAR !

 

Née au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’institution n’avait à l’origine aucune vocation patrimoniale. Les collections constituées au fil du temps et les films coproduits ou commandés étaient destinés à offrir des supports audiovisuels aux enseignants belges.

 

En sept décennies, bien sûr, la Cinémathèque a vu ses missions évoluer et se diversifier. Le prêt en ligne (notamment via www.laplateforme.be) dépasse aujourd’hui largement le prêt de films physiques. En plus de la conservation de ses collections historiques sur film, ses services assurent désormais la conservation numérique des œuvres cinématographiques soutenues par la Fédération Wallonie-Bruxelles (une partie de ce contenu est à découvrir sur www.numeriques.be). La Cinémathèque est par ailleurs active dans l’édition d’ouvrages et de DVD.

 

 

Autant d’axes de travail et d’outils pour sensibiliser le public, plus uniquement scolaire, à notre patrimoine cinématographique et à sa richesse. La collection de la Cinémathèque se compose aujourd’hui de plus de 8000 titres, essentiellement belges, principalement documentaires, ce qui la singularise.

 

A l’occasion de son anniversaire, la Cinémathèque a déniché dans son fond des titres emblématiques ou au contraire complètement inconnus. Elle propose trois séances de courts-métrages thématiques ce samedi 19 novembre. Bienvenue dans son cabinet de curiosités !

 

 

« Ici et ailleurs » (14h) vous embarquera pour des pérégrinations en images sur le thème du voyage, à Bruxelles et autour du monde. L’actualité nous amène à épingler L’Américain se détend de Francois Reichenbach (1958). A travers la cocasserie des habitudes des Américains en vacances, le film propose une réflexion sur cette quête du bonheur qui va jusqu’à être garantie par la constitution américaine. Balade touristico-sociologique à travers la station balnéaire, Knokke-le-Zoute de Jean Ripert (1965) offrira un contre point national intéressant sur fond de Jacques Brel et de Marc Aryan. Les choses ont-elles vraiment changé en 51 ans ?

 

 

Pour la sélection du programme « Cinéma d’animation » (15h30), la Cinémathèque a pu compter sur la collaboration de Philippe Moins, créateur du Festival Anima et auteur-directeur du récent ouvrage Le cinéma d’animation en 100 films. Il présentera cette séance qui mettra l’animation à l’honneur dans ses formes les plus originales, du huit clos dramatique et dépressif à la perle psychédélique. Elle permettra notamment de (re)découvrir Goldframe de Raoul Servais (1969) ou Energétiquement vôtre de Ronald Searle (1957). Un court-métrage de commande pour la Standard Oil Company et Esso, ode aux énergies fossiles, réalisé à une époque où l’on pensait encore qu’elles allaient sauver le monde !

 

 

« Toute une époque » (17h), justement, dévoilera des films gentiment désuets aux stéréotypes complètement dépassés… et déplacés. Ngiri de Gérard de Boe (1946), pur film de propagande coloniale, y côtoiera Garde-toi de Jean Boulanger (1949), un court-métrage délicieusement suranné sur la sécurité routière. Et pour vous servir « cette dose de satire et d’absurde », la Cinémathèque pourra compter sur la participation de Vincent Patar et Stéphane Aubier.

 

Cet anniversaire est également l’occasion de rappeler que la Cinémathèque a initié, en 2010, la collection Cinéastes d’aujourd’hui. Cette série de documentaires sur les cinéastes belges contemporains s’enrichi d’un sixième film : Au-delà des mots, le cinéma de Joachim Lafosse. Il sera présenté en avant-première à 19h30.

 

Luc Jabon y filme celui qui fut son élève en scénario à l’Institut des Arts de Diffusion. Pour mieux approcher la complexité du cinéaste ainsi que celle de son œuvre (7 fictions en moins de 15 ans), le film met en situation quelques-uns de celles et ceux (comédiens, producteurs, coscénaristes) qui accompagnent le trajet artistique de Joachim Lafosse. Mêlés à des extraits de making-of et à des images inédites du réalisateur au travail, ces témoignages révèlent à quel point il est « un homme, somme toute, qui raconte les hommes ».

Projeté en présence des deux réalisateurs, le film sera précédé de Scarface, l’unique contribution de Joachim Lafosse à l’émission Striptease.

 

Un copieux programme, donc, sur lequel souffler ces 70 bougies. Vous êtes toutes et tous invités à rejoindre l’événement !

 

JM 

 

Détails sur Facebook : ICI

Tickets via le site de BOZAR : ICI

 

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