Les Dardenne dans le rétro aux Grignoux

« Il est urgent de (re)voir cette œuvre qui se déploie depuis plus de vingt ans. Avec ses multiples thématiques, la chair de ses enjeux moraux, ses choix artistiques et la formation d’un geste cinématographique à l’influence déterminant sur notre cinéma contemporain… » Ce lundi 10 avril début à Liège une rétrospective de l’oeuvre des frères Dardenne orchestrée par les Grignoux.

 

Et tout commencera par le commencement, ou presque, par cette engageante, indispensable, irremplaçable promesse, qui déjà laisse entrevoir en germe tout ce que va devenir le cinéma des frères Dardenne. Promesse de réalisateurs, promesse de comédiens. Jérémie Rénier, 14 ans, dans son premier rôle plein de souffle et d’énergie, mais aussi Olivier Gourmet, magistral, qui ne manquera plus un rendez-vous avec les Dardenne.

 

La Promesse: « Sans doute une bouffée de nostalgie qui nous rajeunit de vingt ans. Mais pas seulement.  La naissance d’un regard, d’une voix, d’un style à l’influence incontestable. » comme le disent les Grignoux.

 

Dans la banlieue liégeoise, Roger vit d’un système sordide parfaitement au point. Il gagne sa vie en « important » des immigrants clandestins qu’il emploie ensuite, pour des salaires de misère, sur le chantier de son propre immeuble. Igor, son fils de 15 ans, à peine sorti de l’enfance, ne voit rien de la monstruosité de son géniteur et se laisse convaincre sans difficulté d’abandonner sa place d’apprenti-mécanicien pour seconder son père. Aucune consigne ne le rebute, aucune infamie. Un jour pourtant, l’un des ouvriers tombe d’un échafaudage, alors qu’il tentait d’échapper à l’inspection du travail. Il perd conscience après avoir fait promettre à Igor de s’occuper de sa femme.

 

 

Les Grignoux se rappellent de la révélation que fut le film à l’époque, projeté à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes où il agit comme un électrochoc, comme l’écrivait Frédéric Bonnaud dans Les Inrockuptibles: « Déjouant magistralement toutes les embûches d’un sujet piège – bons sentiments, humanisme démonstratif, manichéisme –, Luc et Jean-Pierre Dardenne tirent leur matériau réaliste vers la fiction la plus haletante grâce à la stylisation d’une mise en scène à la fois brute et survoltée, ne jugeant jamais ce qu’elle montre et plaçant le spectateur en état d’alerte permanent. La promesse est ici largement tenue ». Une analyse qu’on pourrait développer pour l’ensemble de l’oeuvre des Dardenne…

 

Projection ce lundi 10 avril à 20h au Sauvenière, en présence des frères Dardenne. Rediffusion au Churchill les 12, 18, 19 et 21. Au mois de mai, Les Grignoux programmeront Le Fils. Suivront au cours de l’année les autres longs métrages des frères, ainsi qu’un ou plusieurs de leurs documentaires, dont vraisemblablement Lorsque le bateau de Léon M. descendit la Meuse pour la première fois.

 

Les Grignoux accueilleront également l’exposition des photos de plateau de Christine Plenus à la galerie Satellite (cinéma Churchill). Plus d’infos à venir sur leur site.

 

Sur le tournage de « La Fille Inconnue » – photo Christine Plenus

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