Aucun doute, « Otez-moi d’un doute » est la comédie de la rentrée!

Otez-moi d’un doute, 3ème long métrage de la réalisatrice Carine Tardieu, réunit à l’écran un duo de comédiens belges inédit: François Damiens et Cécile de France, une rencontre au sommet faite d’étincelles aussi drôles que tendres. 

Synopsis

Erwan, inébranlable démineur breton, perd soudain pied lorsqu’il apprend que son père n’est pas son père.
Malgré toute la tendresse qu’il éprouve pour l’homme qui l’a élevé, Erwan enquête discrètement et retrouve son géniteur : Joseph, un vieil homme des plus attachants, pour qui il se prend d’affection.
Comme un bonheur n’arrive jamais seul, Erwan croise en chemin l’insaisissable Anna, qu’il entreprend de séduire. Mais un jour qu’il rend visite à Joseph, Erwan réalise qu’Anna n’est rien de moins que sa demi-sœur. Une bombe d’autant plus difficile à désamorcer que son père d’adoption soupçonne désormais Erwan de lui cacher quelque chose…

Une comédie atypique

Otez-moi d’un doute cultive le goût des oxymores – un film d’une profonde légèreté, une comédie sérieuse -, voire des situations improbables: un fils qui n’a aucun gène commun avec son père, un frère qui tombe amoureux de sa soeur, un chevalier masqué intronisé géniteur d’un soir. Car vous l’aurez compris, Otez-moi d’un doute, en plus d’être une comédie romantique au ton atypique, est aussi une comédie de la filiation. Ce n’est non pas à un, mais bien à deux coups de foudre qu’Erwan doit faire face: l’un pour Anna, sa soeur putative, l’autre pour Joseph, son possible père. Parallèlement, la fille d’Erwan, l’espiègle Juliette, promène sa grossesse déjà bien mure et solitaire sous les yeux dépités de son paternel, prêt à tout pour retrouvez ce coup d’un soir, pardon, le père de sa petite-fille. Il se pourrait bien que cet inconnu ne le soit d’ailleurs pas tant que ça, venant encore compliquer un peu plus l’imbroglio familial dans lequel Erwan est plongé jusqu’au cou.

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Bombes à retardement

Heureusement pour lui, Erwan n’est pas du genre à perdre son sang-froid. Et pour cause, il est démineur. Oui, comme dans le film de Kathryn Bigelow, sauf qu’il a quitté les terrains d’opération à la mort de sa femme pour s’occuper de sa fille Juliette. Aujourd’hui, il démine des bombes du passé, vestiges de la première et la deuxième guerre mondiale. C’est l’une des autres belles idées du film que ce métier improbable, tant pour la façon dont il est magnifiquement mis en scène – il faut voir les gros plans sur ces mains de démineurs qui déterrent délicatement des bombes hautement instables sur fond d’airs d’opéra -, que pour la belle métaphore qu’il offre, comme si la révélation de ces paternités contrariées étaient des bombes à retardement ET à fragmentation, aptes à faire exploser à tout moment le quotidien difficilement huilé d’Erwan et sa fille, de ses pères, mais aussi d’Anna.

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Parce qu’il faut bien vieillir

Finalement dans le film, les personnages secondaires se révèlent tout sauf secondaires. Si Erwan et Anna tiennent le haut du pavé, tant le spectateur a envie d’investir cette histoire d’amour contrariée, leurs pères, enfants, et autres beaux-enfants sont remarquablement mis en valeur par un casting impeccable. On retrouve avec plaisir la juvénile et toujours parfaite Alice de Lencquesaing (l’héroïne notamment de La Tête la première d’Amélie Van Elmbt), l’encore surprenant Esteban, improbable mais indispensable. Mention spéciale également à Lyes Salem (Je suis mort mais j’ai des amis), dans le rôle du fidèle collègue. Et on vous laisse la surprise d’une poignée d’autres caméos savoureux. Viennent les deux rôles complémentaires, ceux du père de coeur et de celui de sang, même si au final, on ne sait plus trop qui est qui, ni comment qualifier ces paternités mises à rude épreuve. André Wilms, dans un second rôle presque premier, transmet sa folie douce, sa fantaisie, sa volonté, tandis que Guy Marchand compose un père meurtri et jaloux sur lequel on peut malgré tout compter, tout en émotions et en tendresse. Ces deux acteurs portant si haut leur rôle font aussi d’Otez-moi d’un doute un magnifique film sur la vieillesse, l’inversion des rôles entre parents et enfants, l’amour filial qui ne s’accommode pas toujours très bien de la responsabilité qui va avec.Vieillir pour Erwan, c’est interroger ses origines, mais c’est aussi repenser sa vie, dépasser son veuvage, et laisser sa fille prendre son envol comme bon lui semble.

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François et Cécile

Mais revenons-en à l’argument de départ: la réunion entre François Damiens et Cécile de France! Les deux comédiens excellent dans des rôles qui leur vont comme un gant, servis par des dialogues ciselés et souvent très drôles. Alors que Cécile de France, magnifique de naturel, virevolte d’indépendance et d’opiniâtreté, ne se laissant amadouer que par son papa (c’est bien connu de toutes façons, « my heart belongs to Daddy »), François Damiens s’investit dans son rôle de père (et de fils) démineur, tout en délicatesse, entre droiture d’esprit et amour tacite. « Words don’t come easy to me » chante FR David lors d’une scène irrésistible entre Erwan et Joseph. Mais si les mots ne viennent pas, les émotions affleurent sans cesse, contrebalancées par un sens du timing comique parfaitement maîtrisé. On soulignera ici le sens de la mise en scène de la réalisatrice, bien sûr, boosté par un scénario aux petits oignons, derrière lequel on retrouve en plus de la plume de la réalisatrice celles de Raphaële Moussafir (Du vent dans les mollets) et Michel Leclercq (Le Nom des Gens, La Vie Très Privée de Monsieur Sims).

 

Otez-moi d’un doute est une comédie tendre et affutée, qui met magnifiquement en scène deux de nos plus beaux comédiens, et qui ne manquera pas de vous surprendre, vous faire sourire, vous faire réfléchir, et même, vous émouvoir. 

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