« Dragon Women »: la CEO était une femme

Avec Dragon Women, Frédérique de Montblanc part à la rencontre de femmes, CEO, directrices, présidentes ou vice-présidentes dans le monde ultra-masculin et ultra-compétitif de la finance, s’interrogeant sur la façon dont elles trouvent leur équilibre dans cette arène qui leur est souvent fermée.

Une paire de talons roses gravit les marches d’un immeuble du quartier de la Défense. Laetitia est présidente de sa société qui oeuvre dans les plus hautes sphères de la finance. On suit son pas assuré, on la voit soigner sa coiffure, confier que le maquillage peut aussi être une arme. Laetitia est hyper consciente que son genre est un obstacle, mais est bien décidée à jouer de ses atouts.

Elle a compris, il y a longtemps déjà, qu’elle devrait lutter plus qu’un autre pour se faire une place. Et qu’il fallait que les femmes se ré-approprie la notion d’ambition, lui redonne ses lettres de noblesse. Pourtant Laetitia a du mal avec un autre mot. Le pouvoir. Elle lui tourne autour, l’évite, pense pouvoir le contourner. C’est pourtant bien d’enjeux de pouvoir dont parle, en autres choses, Dragon Women.

Dragon women, c’est le surnom (négatif) que l’on donne à ces femmes qui ont réussi dans le monde de la finance en imitant le comportement des hommes. Bizarrement (non), quand une femme se met à adopter un comportement masculin, celui-ci devient instantanément répréhensible, comme s’il avait perdu de sa noblesse. Pourtant ce sont ces femmes-là qui accèdent le plus vite aux postes de pouvoir, surement parce que les hommes se reconnaissent en elles.

Entre Hong Kong, Londres, Paris et Francfort, Dragon Women suit cinq femmes qui travaillent dans les hautes sphères de la finance. Adeline, Martina, Jennifer, Laetitia et Alison confient les mécanismes de survie dont elles usent et les combats personnels qu’elles mènent dans ce secteur professionnel ultra-patriarcal où elles représentent une infime minorité.

On les suit d’abord dans un milieu qui par la force des choses, est loin de leur être naturel. « A chaque fois que j’entre dans une pièce de pouvoir, confie l’une d’entre elle, ce ne sont que des hommes. On n’est pas dans le confort, on n’a pas les codes. » De fait, les hommes ont tissé des réseaux très serrés, fait de camaraderie virile et d’entraide, et les femmes sont bien peu à passer entre les mailles du filet.

Pour celles qui s’y faufilent, le prix à payer est souvent très lourd, surtout sur le plan personnel. Frédérique de Montblanc les raccompagne chez elles, après le travail, dans leur famille, au restaurant avec leurs amies, chez leurs neveux et nièces. Certaines ont fondé une famille, d’autres vivent en couple, d’autres ont laissé filer le train de leur carrière.

Qu’est-ce que la réussite morale, professionnelle, matérielle, personnelle? Autant de questions que se posent et nous posent les protagonistes de Dragon Women.

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