« En attendant la deuxième vague »: en immersion au coeur des unités Covid

Alors que l’on « célèbre » les 1 an du premier confinement, la RTBF diffuse ce soir à 22h sur La Trois En attendant la deuxième vague, documentaire de Christophe Hermans qui a suivi au plus près deux soignantes sur-investies et leurs équipes en plein coeur de la première vague de l’épidémie, dans les méandres du CHU Saint-Pierre de Liège.

En attendant la deuxième vague est un film urgent, fait dans l’urgence, qui traite d’urgence. L’urgence d’agir, l’urgence de soigner et accompagner, l’urgence d’accueillir, l’urgence de témoigner. Le film saisit l’histoire en train de s’écrire. Il y a un an ou presque, on sait déjà, à l’hôpital, que le Covid va changer la donne. Face à l’inconnu, c’est une médecine de guerre qui est mise en place, d’autant que la structure, lourde, de l’hôpital, et les problèmes systémiques de communication n’aident pas à appréhender la maladie.

Il faut s’adapter, improviser, et comprendre comment la crise se répercute à tous les innombrables niveaux de cette fourmilière grouillante qu’est l’hôpital. Au coeur de la machine dont les rouages se déploient petit à petit, il faut retrouver la place de l’humain. Car l’humanité, toujours, est là. Dans les gestes des soignantes, dans leurs regards, dans leurs soucis, constant, des patient·es. Soignantes au féminin, car ce sont des femmes que suit le film, deux héroïnes en particulier, l’une en réanimation, l’autre en infectiologie.

Le film les suit, au plus près, épousant leurs mouvements, calé derrière leur épaule. Il épouse leurs doutes, leurs convictions, observe leur faculté d’adaptation, et leur détermination. Car les soignantes soudain deviennent un pivot pour les familles, des équipières, messagères incontournables. Les familles, empêchées d’entrer dans l’hôpital, se reposent sur les soignantes et leurs écrans pour entrer en contact avec leurs proches, approcher les malades.

Bien sûr, la maladie, ce sont aussi les malades. Le film suit deux patients. A distance. On n’est évidemment pas dans une démarche voyeuriste, mais il est question néanmoins de voir, et de regarder. En voyant ces deux patients, aux parcours différents, mais qui se retrouvent dans la maladie, on s’aperçoit que les patients sont les grands absents de beaucoup de récits sur le Covid. Des patients qui souvent souffrent deux fois, du virus, et de l’isolement, un isolement que les soignantes vont tenter de rompre, avec leur empathie, et les quelques outils numériques dont elles disposent.

Les malades sont présents, mais ce qu’on observe, avant tout, c’est l’absence, leur absence au monde, leurs regards égarés quand ils émergent après le coma. L’absence de leurs proches pour leur tenir la main. 12 mois plus tard, cet isolement est encore le lot de nombreux·ses patient·es en fin de vie.

En attendant la deuxième vague passe donc ce soir sur La Trois. Christophe Hermans est retourné à l’hôpital filmer la deuxième vague, on devrait découvrir le film au printemps. Et peut-être sera-t-il amené à continuer à arpenter les couloirs de cet hôpital-monde, toujours pas délivré de la chape de plomb jetée par le Covid.

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