Il fera soleil sur la Trois cet été

Riche idée pour ne pas bronzer stupide: la Trois qui vient juste de terminer en beauté la saison 2012/2013 de son émission Tout Court qui nous présente chaque mercredi soir une série de documentaires belges, enchaîne avec un cycle, hebdomadaire lui aussi, consacré aux documentaires nationaux. Des œuvres récentes déjà proposées sur grands écrans, en festival ou dans le circuit commercial, mais inédit en télévision.

 

Ce n’est pas à proprement parler une première: c’est même le septième été consécutif que la RTBF ouvre sa Fenêtre sur Doc aux documentaires de création mettant en valeur les auteurs de la fédération Wallonie-Bruxelles. Tous les jeudis soir de l’été à 21h05, La Trois diffusera ainsi une série de films en prise direct avec la réalité, dirigés par des auteurs belges et coproduits pas la RTBF. Pour ceux qui en bénéficient, le programme est accessible en HD ce qui renforce considérablement l’attractivité des films proposés.

 

 

La Belgique, on le sait, est une terre fertile pour les documentaires. On en produit beaucoup et le public en est assez friand. En témoigne le succès des festivals qui les dénichent comme le récent Millenium Brussels Festival. Courts ou longs métrages documentaires belges sont en outre souvent récompensés à l’étranger. Sur Facebook, la page Belgium Doc, que nous vous invitons une fois encore à rejoindre, tente de vous tenir au courant de l’actualité du secteur. Même topo pour Laplateforme.be qui est la vitrine de promotion des documentaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles à l’attention des opérateurs socioculturels et des enseignants.

Mais même si de nombreux documentaires sont produits et réalisés avec en tête une diffusion cinéma, image et production design soignés à la clef, c’est en télévision que les documentaires sont le plus vus par un public moins attentif à la programmation des salles d’arts et essai. Ce cycle tombe donc à point pour donner une visibilité importante à une série de longs métrages récents qui ont reçu lors de leur passage sur grands écrans pas mal de louanges.

 

 

Le premier film de ce cycle n’est pas le moins attirant puisque ce jeudi 4 juillet à 21h05, c’est Il a plu sur le grand paysage signé par Jean-Jacques Andrien qui aura l’honneur d’ouvrir la programmation. Le film est consacré aux producteurs laitiers de l’Est de la Belgique qui luttent pour leur survie.

Automne 2010. Au pays de Herve, à l’Est de la Belgique, la crise laitière de l’année 2009 a durement frappé les fermes de la région. Dans ce contexte profondément déstabilisé, la décision de l’Union européenne de supprimer les quotas laitiers en 2015 et la volonté de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) de libéraliser davantage les marchés font planer la menace directe de leur disparition. En moins d’un demi-siècle, l’agriculture européenne a changé plus qu’en vingt siècles auparavant.  Cet univers en profonde mutation nous est présenté ici de l’intérieur, dans sa dimension humaine, racontant toutes les ruptures auxquelles est soumis le monde agricole : faillites, dépendance de plus en plus grande vis-à-vis des machineries et des emprunts, désertion des jeunes, éradication du métier et de son biotope.

Le film suit le quotidien de ces paysans, les moments de crise dans leur existence, et les actions collectives que mènent certains d’entre eux. Le cinéaste Jean-Jacques Andrien issu d’une famille de cultivateurs nous introduit ainsi dans les fermes du Pays de Herve. Neuf agriculteurs racontent ce qu’ils ont sur le cœur. Et ce n’est pas très gai

 

 

Il a plu sur le grand paysage est, en quelque sorte, la réponse, en miroir à une œuvre que Jean-Jacques Andrien tourna en 1981.  Le grand paysage d’Alexis Droeven,  film de fiction, évoquait déjà la mutation du monde agricole confronté à des questions vitales : s’industrialiser ou disparaître, s’adapter aux normes de la CEE ou se marginaliser. Trente ans plus tard, avec ce documentaire Il a plu sur le grand paysage, il revient sur ces lieux pour rencontrer le vécu et les incertitudes des agriculteurs d’aujourd’hui. Rien n’a changé.
Ou plutôt si: tout a changé, car la situation s’est encore terriblement dégradée en trois décennies. À tel point que ces longs métrages pourraient apparaître dans quelques années, pour les jeunes générations, comme des témoignages hallucinants d’une époque totalement révolue. Triste.

 

Lire aussi: Jean-Jacques Andrien par… Jean-Jacques Andrien et l’article que nous avions consacré au film au moment de sa sortie en salles.

 

La bande-annonce du film est à découvrir ici.

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