« Je suis resté dans les bois », le fantas(ti)que trio

Vincent, artiste plasticien, prépare sa nouvelle exposition. Il a décidé de reconstituer des moments peu glorieux de son passé pour en faire des tableaux vidéo. Enfin, peut-être… Il est entouré par une petite équipe dont font partie Erika, sa compagne et Michaël, un copain réalisateur. Tous trois maîtres d’oeuvres du projet, ils s’entourent d’amis, d’inconnus, de parents ou de voisins qui vont endosser les rôles marquants de l’histoire de la vie de Vincent.

 

 

 

A travers une dizaine de scènettes, Vincent se souvient d’épisodes souvent peu glorieux de sa vie passée, de sa plus jeune enfance à son passé proche, auscultant à la faveur de cette introspection artistique celui qu’il a été, qu’il est, et qu’il voudrait être. C’est ce dispositif artistique, et les humains qui le façonnent, qui sont au cœur de Je suis resté dans les bois, oeuvre collective co-réalisée par Vincent Solheid, Erika Sainte et Michaël Bier – le générique annonce d’ailleurs un film de BierSainteSolheid.

 

Je suis reste bis

 

Dès la première scène, le personnage de Vincent est posé, un homme, ou plutôt un garçon vindicatif, puéril, égoïste. S’il en était besoin sa compagne se charge d’en dresser un portrait peu flatteur. « Il est formidable, » constate son ami d’enfance. « Oui. Parfois. » On ne sait plus trop si cela lui arrive par inadvertance, ou s’il s’égare de temps à autre. Le personnage de Vincent est au coeur du film, qui tourne également autour d’un autre motif: l’analyse du geste créatif. Dès le début sont mises en scène les tensions sur le tournage, les interrogations quant à la destination, la forme et les motivations de l’oeuvre. Je suis resté dans les bois, c’est le portrait de Vincent l’artiste plasticien, mais aussi une réflexion sur le jeu, les souvenirs, le faux et le vrai, l’art et la réalité. Par le biais d’une sorte de mockumentary constellé de touches de fiction, les réalisateurs tendent à saisir sur le vif et par l’improvisation la réalité des personnages. Aux frontières du cinéma et de l’art contemporain, ils livrent une sorte de journal « extime » filmé et ré-acté.

 

Chaque tableau donne lieu à une discussion sur ses enjeux, qui met à jour les tensions entre les personnages, puis une mise en scène du tableau, et enfin, pour certains d’entre eux, à une irruption animée, de petites fulgurances visuelles qui transcendent le projet, et le renvoient à son argument de base: le travail d’artiste plasticien de Vincent Solheid. Ces apartés viennent consolider la nature hybride du projet, et illustrent à merveille la liberté formelle, visuelle et narrative du film. Une liberté que l’on retrouve également dans la structure atypique de production et de réalisation du projet, porté par l’énergie de sa petite équipe hétéroclite. Une liberté qui donne le ton du film, dont d’ailleurs tous les personnages vont chercher à s’échapper au fil du récit, quand réalité et fiction finissent par s’interpénétrer, à la faveur de frontières de plus en plus poreuses.

 

Je suis reste dans les bois ter

 

Devant et derrière la caméra, on retrouve donc Vincent Solheid, « vrai » artiste plasticien, ou plutôt artiste protéiforme belge comme il se définit lui-même, et qui au cinéma avait déjà commis l’insolent Grand Tour avec Jérôme le Maire. Il est entouré de la comédienne Erika Sainte, Magritte du meilleur espoir en 2012 pour Elle ne pleure pas, elle chante, héroïne récemment du premier film de Luc Jabon, Les Survivants, mais aussi de la webserie Euh. Enfin, on découvre également Michaël Bier, bien connu dans le cinéma belge pour sa fonction de directeur de casting (notamment pour Le Tout Nouveau Testament, Le Fidèle ou La Trêve par exemple), mais également scénariste, metteur en scène, réalisateur, et comédien donc.

Projeté en avant-première au Be Film Festival demain, le film sortira en avril prochain.

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