Le Grand Tour
Ça démarre en fanfare

Le mercredi 5 octobre à Namur, au sommet du Palais des Congrés, Alain Lorfèvre présentait son formidable livre Destins Animés consacré à l’aventure de Panique au Village (nous en parlerons prochainement). Attendus impatiemment, Vincent Patar et Stéphane Aubier, les deux réalisateurs de ce délire surréaliste,  arrivèrent avec une bonne demi-heure de retard et une solide excuse: « Nous assistions à la projection du Grand Tour… Complètement absorbés par le film, nous n’avons pas pris conscience que la conférence avait débuté ».

Hé oui, Le Grand Tour, c’est ça: on sait quand ça commence, mais pas quand (ni comment) ça finit !

 

 

 

Un week-end du mois d’août, une fanfare amateur emmenée par son président s’est donné rendez-vous sur la place d’un petit village ardennais. Ils sont 10 amis, tous quadras. Pour s’éclater ensemble, ils ont décidé de se rendre au «carnaval du monde» de Stavelot qui n’a lieu qu’une fois tous les dix ans. Leur groupe effectuera le trajet de 4 jours à travers bois, à la boussole, sac au dos et instruments en bandoulière, en rang par trois derrière les étendards. Ça, c’est pour le principe. Car si l’heure du départ est fixée, celle d’arrivée reste floue… De bouteille en flacons, l’ivresse est belle et intense: les 10 camarades prolongent l’équipée sauvage, parcourant des centaines de kilomètres, enquillant toutes les fêtes, des plus joyeuses aux plus glauques. Au fil des semaines et des kilomètres, la troupe se disloque. Un climat différent s’installe, moins délirant, plus profond. Au début du printemps, ils ne sont plus que trois sur les routes et le président n’a toujours pas l’intention de s’arrêter…

Après les mots, si vous voulez les images, sachez que la bande-annonce est disponible ici

 

Sans le moindre doute, Le Grand Tour est le projet le plus dingo de l’année de ce côté de la frontière linguistique (au nord, la palme revient à Schellebelle 1919). Entre documentaire et fiction, entre délire et drame psychologique, ce road movie champêtre (genre fort à la mode ces temps-ci) est unique et inimitable. Difficile à sortir en salles. Pour le commun des mortels.

 

Car le film est produit par la Parti, une bande d’enragés. Ensemble ou séparément, ces fous furieux ont produit au fil des ans des choses aussi originales que C’est Arrivé près de chez vous, Panique au Village ou Kill me Please. Leur crédo: rien n’est interdit, il suffit d’oser; rien n’est impossible, tout est à inventer.

 

La Parti est un collectif composé de personnalités éminemment complémentaires: Vincent Tavier, Philippe Kauffman, Guillaume Malandrin, Stéphane Vuillet, Adriana Piasek-Wanski et Ludovic Delbecq ont chacun leurs secteurs de prédilection. Sur ce coup, on reconnaît la patte de Tavier, pilier historique de la société, coscénariste, producteur et auteur de C’est arrivé près de chez vous, producteur des Carnets de Monsieur Manatane, comédien dans Atomik Circus, coscénariste de Panique au village, aussi. Un grand malade, quoi.

 

La distribution du Grand Tour, unique et captivante, porte clairement l’empreinte de Philippe Kauffman, formé aux arts de la scène. Producteur et manager sur la scène rock, il assure la direction artistique des Halles de Schaerbeek de 1996 à 2003. Son passage au cœur de la scène musicale correspond à l’émergence du rock et de la pop belge autrefois considérés comme plus que mineurs. Son impact sur l’image du cinéma belge est assez similaire. De cette époque, Philippe a retenu que suivre les pistes balisées ne convenait pas à la plupart des longs métrages. Qu’il fallait inventer, innover, oser.

 

Nous reviendrons sur le film lui-même et sur les gens qui l’ont créé, réalisé, joué, car il y a beaucoup à en dire, mais ce qu’il est capital de savoir dès maintenant, c’est que sa diffusion a déjà débuté et qu’elle connaît un véritable succès.

Ne scrutez pas les frontons des multiplexes. Ce n’est pas (systématiquement) là que ça se passe. Non: comme ses protagonistes, le film a démarré une tournée qui lui permettra au fil des mois de parcourir toute la Wallonie avec un détour à Bruxelles.

 

Après une première projection à Namur, dans le cadre du FIFF, le Grand Tour est donc parti en tournée. Ce vendredi, la deuxième étape menait la fanfare à Stavelot dans un ciné Versailles en ébullition. Il faut avouer que là on est au cœur du film : la chaude réception était espérée, sinon attendue.

 

La troisième halte est prévue à Moulbaix (près d’Ath), le 21. Puis Le Grand Tour sera ensuite visible au cinépointcom de Marche le 25, le 28 à Mouscron et à Braine. Puis en novembre et décembre, des visions sont programmées à Charleroi, La Roche-en-Ardenne, Mons, Neufchâteau, Gembloux, Liège, Tournai, Louvain-La-Neuve, Habay-La-Vieille (jolie juxtaposition), Bruxelles (Bozar le 21 décembre) pour boucler la boucle au Caméo Namurois le 29 décembre.

 

La boucle de 2011, car le concept de la tournée, les bonnes critiques et le succès des premières projections poussent de nouveaux cinémas et centres culturels à réclamer leur propre séance. Selon toute probabilité, le film sera donc encore alive (and well) en 2012. Rock’n’Roll !

 

 

 

 

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