Les Tribulations d’une Caissière
Madame Feelgood

Nous vous l’annoncions dans notre Grand Écran n°7, à voir dans toutes les salles numériques depuis quelques semaines et accessoirement sur le net : Déborah François gagne du galon. Alors qu’elle est en train de tourner Populaire avec Romain Duris, elle illumine les écrans à la veille de Noël dans le feelgood movie francophone de cette fin d’année : une rom com doublée d’une success-story, pimentée d’un humour taquin, d’une couche de conscience sociale fédératrice et de gros flocons de neige ouateux. Un conte de saison qui devrait trouver son public. Don’t be grumpy, be happy !

 

Les Tribulations d’une caissière,  premier long métrage réalisé par le Français Pierre Rambaldi (plutôt producteur d’habitude), est adapté du livre d’une certaine Anna Sam, grand succès de librairie en 2010, adapté d’un blog. La jeune femme fut, en effet, remarquée par l’éditeur Stock grâce à ses diatribes virtuelles, drôles et militantes, qui attiraient chaque jour de nouveaux lecteurs amusés par sa démarche. Surtout des lectrices d’ailleurs.

 

Du journal d’Ana, le film ne conserve que le contexte. Le reste, le scénariste Michel Siksik l’a imaginé avec une seule intention : en faire un conte de Noël et capter l’intérêt des fans de Bridget Jones ou des Desperate Housewives.

 

Le pitch? Simple, direct, efficace. A l’américaine. Après avoir dû abandonner ses études de lettres, Solweig est forcée d’accepter les jobs qui se présentent. Elle devient donc caissière. Ses journées se résument aux bips de la caisse enregistreuse, aux produits à soulever, aux « bonjours » et « au revoir » adressés à des clients qui ne répondent pas toujours. Sous le regard lubrique d’un chef de service qui rôde, innommable concentré de vices et de perversité. Dans cet univers impitoyable, Solweig a deux armes pour survivre : ses copines caissières et un sens de l’humour poivré. Une fois rentrée chez elle, elle sort le clavier et rédige un blog qui devient vite un phénomène numérique.
Si son existence professionnelle est plutôt tristounette, sa vie amoureuse est… heu…. plutôt terne aussi. Jusqu’au soir où son destin croise celui de Charles. Le jeune homme tombe aussitôt sous son charme. Mais il ignore encore qu’ils ne sont pas du  moooonde.

Ça pose problème? Ça pourrait, oui.

 

 

Les fanas du livre l’ont déjà compris: cette transposition prend beaucoup de liberté avec le matériau d’origine. Ana Sam ne s’en offusque pas. Loin de se sentir trahie, elle s’est fendue sur son blog (toujours accessible ICI) d’une petite analyse forcément intéressante : ce n’est pas tous les jours qu’on a sur un film le point de vue de l’auteur original.

 

 » J’ai beaucoup appréhendé ce moment de visionnage, car même si j’ai lu les versions successives des scénarios (j’ai dû en voir passer 5 ou 6 je crois), si j’ai assisté à quelques journées de tournage, si j’avais vu des rushs (comprenez des bouts du film montés de moins de 30 secondes) il y a déjà quelques mois, ce moment où le film prend naissance sous vos yeux est forcément à part et diffère de l’image qu’on se projette quand on lit le scénario dans sa version papier.

 

Déjà, le générique de début me fait penser à celui du film : « Arrête-moi si tu peux » avec le côté, histoire dessinée, quelques touches de couleurs, une musique entraînante et l’apparition de tous les personnages. Une véritable réussite ! […] Du côté de lhistoire, c’est une comédie romantique (un joli conte de Noël) sur fond de chronique sociale. Si je cherchais des parallèles, ce serait un mix entre : Les tribulations d’une caissière (mon livre…) et Coup de Foudre à Notting Hill.  Ah oui, on fait un peu le grand écart, mais les deux types d’histoires se mêlent parfaitement bien et passer d’un côté à l’autre des facettes offre des moments de respiration autant que de réflexion, d’humour et laissant toujours défiler l’histoire sans offrir de temps mort. Sans dévoiler le scénario, c’est le genre de film qui fait du bien, on ne tombe pas dans une caricature facile ou dans un brûlot anti-social ni dans une quelconque mièvrerie. Michel Siksik (le scénariste) est parvenu à rester sur le fil.  […] Déborah François qui joue Solweig est dans le ton du début à la fin. En fait, on est transporté par l’ensemble et pour une fois je n’ai pas vu le temps passer pendant le film (ce qui est plutôt rare pour moi, j’ai plutôt tendance à regarder ma montre tous les 1/4 d’heure). »

 

Coproduit en Belgique par Nexus factory, Les Tribulations d’une Caissière fut en partie tourné à Waterloo dans un magasin Carrefour entre deux journées de travail, au fil des nuits donc. Deux de nos comédiens phares y occupent des rôles en vue.

 

 

En petit chef odieux, Jean-Luc Couchard revient avec bonheur à ses fondamentaux. Ce qui a l’heur de le faire rire : « C’est vrai que c’est un rôle taillé sur mesure pour moi, » confirme-t-il. « Déjà sur le papier, le personnage était insupportable, mais j’y ai ajouté quelques petites touches très personnelles qui le rendent… encore plus épouvantable. Comme dans la scène de l’urinoir. Vous verrez…  J’espère ne dégoûter personne… (tel une hyène dessinée par Tex Avery, il ne peut s’empêcher de ricaner). »

 

Face à ce nazillon de supérette, Déborah François organise la révolte des masses laborieuses et trouve ici un personnage qui pourrait donc la propulser dans la catégorie des stars féminines sur lesquelles on construit des projets à l’attention du grand public. Dans cette division, on avait jusqu’ici Cécile De France et Virginie Efira; voire Marie Gillain et Emilie Dequenne. On parierait bien aussi sur Marie Krémer pour se faire une place au soleil. L’intouchable Yolande Moreau est hors compétition, officiant dans un créneau plus alternatif.

Convaincus par le potentiel de Déborah, les producteurs du très prometteur Populaire n’ont d’ailleurs pas attendu la sortie des Tribulations pour lui confier le rôle principal de leur pétillante comédie, destinée à devenir un succès au box-office. Un pari ?

On dirait bien que pour notre Déborah, cette année 2011 est celle de tous les bonheurs.

 

 

 

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