Nous Quatre : un beau roman, une belle histoire.

Cinevox aime les belles histoires. Tout spécialement quand elles sont liées de près au cinéma belge.

Pour nous, celle-ci commence en octobre 2013 au Festival international du film francophone de Namur. Le dernier jour de la manifestation.

 

Un jeune homme nous propose de nous montrer la bande-annonce d’un long métrage qu’il a tourné durant l’été, en quinze jours, avec une poignée de jeunes comédiens, quelques acteurs ou humoristes un peu plus connus. Sans le sou, mais avec passion.

Son visage ne nous est pas inconnu. Son nom non plus.

 

Stéphane Hénocque – Photo extraite de la session d’interviews Kaos/Cinevox 2016

Stéphane Hénocque est, depuis le lancement du site, un inconditionnel de Cinevox. Il suit les posts, nous envoie des informations qu’il a repérées (toujours de bonnes pioches), participe aux concours, en gagne quelques-uns et assiste à toutes nos avant-premières.

 

On sait à peu près qui il est, donc. D’autant qu’il est sympathique et fort gentil.
Mais, évidemment, ces qualités ne font pas forcément de lui un réalisateur.
Car, c’est une évidence : tourner un petit film à l’arrache ne débouche le plus souvent sur rien de bien concret. Ce n’est pas forcément scandaleux : ce sont des galops d’essai plus ou moins réussis, mais ils n’ont pas dans leurs gènes vocation à rencontrer le grand public.

 

Pierre Olivier – Photo extraite de la session d’interviews Kaos/Cinevox 2016

 

Stéphane Hénocque donc, attend patiemment que nous terminions une interview (avec l’équipe enthousiaste de Tokyo Anyway) pour nous présenter sa bande-annonce. On le sent fébrile. Très. Va-t-on le prendre au sérieux ? On sent que la question le turlupine. L’interview dure. Il patiente.

 

A raison : la découverte de ces deux minutes est une vraie (bonne) surprise.

 

D’emblée on comprend les enjeux, on sent que le réalisateur a déjà un sens aigu du grand cinéma populaire, qu’il aime les belles images (ses plans filmés par un drone le furent bien avant ceux de La trêve ou d’Ennemi Public)…

 

La mission d’une excellente bande-annonce est de nous mettre l’eau à la bouche et celle-ci remplit largement sa mission. Au point que lorsque nous la publierons sur Cinevox, elle battra des records d‘audience. La première rencontre entre Nous Quatre et le public est un franc succès, fort inattendu.

 

Commence alors pour Stéphane un long chemin de croix qui durera trois ans, un chemin en forme de montagnes russes avec de grands moments et d’amères déceptions.

 

D’abord, il monte le film, seul, patiemment, avec méticulosité. Après quelques mois, on découvre ainsi une première version, pas parfaite, loin de là, mais déjà très attachante. Touchante. Drôle. Fort sympathique.

 

Pour aller plus loin, Stéphane se met alors en quête d’un soutien. Si, jusque-là, Nous Quatre n’a quasi rien coûté (on parle de 8000 euros), il a besoin de fonds pour assurer une postproduction digne de ce nom. Des producteurs, séduits par le projet, lui proposent même de refilmer le tout dans des conditions professionnelles.  Mais le projet ne trouve pas les soutiens espérés.

Alors, pourquoi ne pas achever le film qui existe ?
Oui, pourquoi ne pas revenir aux fondamentaux ?

 

Justine Louis – Photo extraite de la session d’interviews Kaos/Cinevox 2016

 

Stéphane retourne donc devant son ordinateur et remonte entièrement Nous Quatre. Gomme un maximum d’imperfections. Tente d’assurer la postproduction la plus correcte possible sur son ordinateur pour pouvoir projeter Nous Quatre sur grand écran comme il l’a promis aux crowdfunders qui ont soutenu son projet. Un travail de bénédictin. Mais de bénédictin doué.

 

Le 8 septembre 2015, une projection est organisée au Kinepolis de Rocourt. Le bouche-à-oreille fonctionne, les articles publiés sur Cinevox sont largement partagés. Chacun d’eux est un étonnant succès d‘audience. Ce soir-là, outre les donateurs invités, de nombreuses personnes veulent acheter un ticket. Il n’y en aura pas pour tout le monde.

 

La projection occupera finalement deux salles pour un total de 1100 spectateurs. Cette soirée, nous y étions et nous l’avons contée ici. Elle restera pour nous comme le plus beau souvenir en salle de ces dernières années. Le public est bluffé, la standing ovation n’en finit pas, les comédiens sont accaparés pour signer des affiches et le compositeur de la musique, Simon Fransquet, vend des CD par brouettes entières.

 

Simon Fransquet – Photo extraite de la session d’interviews Kaos/Cinevox 2016

 

Même sous le charme, les observateurs professionnels restent néanmoins convaincus de l’importance d’une vraie postproduction qui pourrait amener le film dans les salles commerciales. Des producteurs sont intéressés, mais bien vite accaparés par d’autres projets bien plus lucratifs, ils finissent par passer la main. Heureusement, d’autres la tendent à l’équipe: des professionnels enthousiastes, touchés par le projet, sont prêts à le perfectionner au maximum.

Dans la foulée, des accords sont trouvés pour que le film sorte dans quelques salles, dans de grands complexes, avec, pour le mettre en orbite, une série d’avant-premières assez gonflées.

 

Le film sort à la rentrée. Jusque là (La fille inconnue sortira le 5 octobre), aucun film belge n’est attendu sur les écrans. Une chance.

 

Avec le soutien de Cinevox ?

La question se pose-t-elle ?

 

Ce film nous y avons toujours cru. Parce qu’il est totalement atypique dans le paysage belge, sans aucune prétention, sincère, envoûtant, parce qu’il nous a fait rire aux éclats et nous a fait pleurer aussi (si, si). Parce que c’est ça le cinéma populaire qu’on aime et que Nous Quatre en est un représentant unique chez nous. Parce qu’on veut que son réalisateur ait la chance de tourner d’autres films dans des conditions « normales ». Parce qu’on veut revoir ces jeunes acteurs : Justine Louis, Pierre Olivier, François Huberty, Florian Pâque. Parce que, dans la foulée de Dead Man Talking ou Marina, c’est le genre de films qu’on veut faire découvrir à notre public de fidèles qui a confiance en notre vision du cinéma populaire.

 

François Huberty – Photo extraite de la session d’interviews Kaos/Cinevox 2016

 

Première phase de cette ultime ligne droite : Cinevox amènera Nous Quatre sur les grands écrans dès le mois de juillet par le biais d’une de ces capsules à laquelle Stéphane rêve depuis toujours, qui sera diffusée pendant un mois et découverte par… 7 à 800.000 spectateurs. Des spectateurs jeunes qui vont aller voir les blockbusters de l’été. Un public idéal pourtant pour Nous Quatre qui parle très exactement de ce qui touche les 18/35 ans : l’amitié dans ce qu’elle a de plus noble et de plus fort !

 

Tout l’été, nous publierons aussi des tas d’interviews réalisées cette semaine avec trois des acteurs du film, le compositeur et le réalisateur, bien sûr.

 

Dès septembre, enfin, Cinevox participera activement aux diverses avant-premières planifiées pour tenter d’allumer ce feu qui ne prend plus depuis trop longtemps.

 

Personne n’a dit que Nous Quatre attirerait des dizaines de milliers de spectateurs. Qu’il sorte en salles est déjà la concrétisation d’un rêve fou pour toute l’équipe. Mais sait-on jamais ? Un public va peut-être se reconnaître dans cette aventure et surprendre ceux qui ne croient plus aux contes de fées.

 

Un fantasme ? Bien sûr. Mais si nous n’avions pas la foi nous n’aurions jamais créé Cinevox en 2011 ni travaillé chaque jour, sans relâche, depuis lors.

 

Avec ses imperfections qui le rendent sans doute encore plus attachant, avec sa sincérité totale et son culot, Nous Quatre est un point de convergence entre notre passion et celles de l’équipe qui l’a conçu.

 

Un rendez-vous important pour nous tous…

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