Bouli Lanners :
Adolescent un jour…

– Deux frères désargentés qui sont un peu laissés pour compte dans la maison familiale rencontrent un troisième ado de leur village et décident de se lancer avec lui dans une odyssée rocambolesque. Ils ont soif d’absolu et d’aventures. Unis comme les doigts de la main, ces trois-là vont créer une espèce fratrie qui remplacera la famille. Ensemble, ils vont non seulement passer un été formidable, mais aussi découvrir ce qu’est la vraie vie.

Voilà, contée par Bouli Lanners, l’histoire de son nouveau film, Les Géants, qui est la vedette de notre capsule ciné du mois, la première de Cinevox. Il s’agit là d’une heureuse coïncidence tant ce troisième long métrage du metteur en scène, incarne le projet que nous défendons. Grand film populaire porté par de jeunes acteurs formidables, cette aventure drôle et remuante est aussi une œuvre aux images époustouflantes : la patte du peintre est reconnaissable dans chaque plan.

– Ça me plaît que ce soit beau. Ça n’enlève rien au contenu, ça n’enlève rien à la force des personnages ni à l’envie de raconter les histoires que j’ai envie de raconter. Tout part d’abord d’une histoire, mais le cinéma est quelque chose qui se voit en grand dans les salles. C’est mon côté plasticien sans doute qui me pousse à soigner ainsi les images. Oui, je suis exigeant sur le plan formel. Je veux que tout soit très très beau.

D’autres réalisateurs misent aussi sur un esthétisme pictural, mais peu d’entre eux apportent autant d’importance à leurs personnages. Pour revenir à l’essence du jeu, les Scandinaves ont même inventé le courant Dogma, le plus minimaliste qui soit, qui leur permettait de se concentrer à fond sur leurs acteurs.  N’y a-t-il pas d’ailleurs une incompatibilité entre cette volonté de soigner le cadre et celle de proposer des personnages riches et complexes ? En d’autres termes, un film aussi esthétique ne manque-t-il pas, durant le tournage, d’une certaine spontanéité ?


– La spontanéité, elle se recrée perpétuellement sur le plateau. Qui peut prétendre qu’un tournage est spontané ? Non, un tournage est forcément toujours très préparé. On n’arrive pas par hasard sur un tournage. Cette spontanéité, cette justesse de jeu, n’est donc qu’une impression qui résulte au contraire d’un travail de fourmi. Je dirais presque que c’est l’inverse. Plus le travail est préparé, plus les plans sont précis et pensés, plus le réalisateur peut se réinventer sur le plateau et obtenir de ses acteurs cette fraîcheur qui donnera la sensation d’être spontanée. Rien ne se fait purement par le hasard. Les vrais moments de grâce sont, en fait, un mélange des deux.

Alors encore en postproduction, Les Géants ont réussi à accrocher les sélectionneurs cannois. Et même si la section dans laquelle le film de Bouli Lanners se retrouve n’est pas compétitive, il y a gros à parier que sa diffusion sur la Croisette attirera tous les regards. Il y a trois ans, Eldorado, son deuxième film, présenté dans les mêmes circonstances, avait gagné trois prix.

D’abord programmé en juin, Les Géants ne sortira finalement qu’à l’automne, car Bouli Lanners va bientôt filer en Hongrie sur le tournage du nouvel Astérix où il incarne un Viking. De retour en Belgique, il veut prendre son temps pour assurer une promotion agréable en rencontrant la presse en toute décontraction. Pour ensuite toucher le public, au sens le plus large possible, et lui faire plaisir. Il est comme ça, Bouli : généreux et sympathique. Et comme c’est aussi un artiste surdoué, nous avons mille bonnes raisons de l’aimer.

En attendant, tous les regards sont braqués sur la Croisette cannoise où le film conclut aujourd’hui La Quinzaine des réalisateurs. Un honneur qui n’est pas usurpé puisque les chanceux qui ont découvert le film ces deux derniers jours, se sont déjà fendus de nombreux compliments. On a même vu Bouli et ses trois acteurs hier sur le Plateau du Grand Journal de Canal Plus (chez nous sur BeTV), une séquence qu’on peut naturellement revoir sur le net. Et si vous voulez voir ce que Bouli pense de Cannes et s’il préfère recevoir un jour une Palme d’Or ou attirer cinq millions de spectateurs en salles, n’hésitez pas à visionner notre director’s cut.

 

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