Rencontre avec Myriem Akheddiou, héroïne d’Invisible

Rencontre avec la comédienne Myriem Akheddiou, héroïne de la nouvelle série de la RTBF, Invisible, qui débute ce dimanche 22 novembre à 20h30 sur La Une. Une série forte et fantastique, singulière et haletante, où elle incarne Laurence Deconde, chirurgienne-ophtamologue, atteinte d’électrosensibilité, qui va devoir faire face à une suite de phénomènes inexpliqués qui touchent sa famille et sa communauté.

2020 marquera certainement durablement la carrière de Myriem Akheddiou, comédienne belge beaucoup vue au théâtre, et découverte par un plus grand public grâce à son rôle d’Inès dans Le Jeune Ahmed des frères Dardenne, qui lui a d’ailleurs valu le Magritte de la Meilleure actrice dans un second rôle. Son rôle dans Invisible, central et déterminant, devrait lui offrir une exposition considérable auprès des téléspectateurs et téléspectatrices, qui la retrouveront par ailleurs dans quelques mois dans une autre série, Pandore, signée par Savina Dellicour et Vania Leturcq, actuellement en tournage.

Elle nous parle à quelques jours de la diffusion de ce beau personnage et de ce projet audacieux…

Invisible-Myriem-Akheddiou

Qui est Laurence?

Laurence est médecin, et scientifique. Laurence est comme une louve… Elle va très vite se rendre compte que celles et ceux qui sont le plus chers à son coeur sont menacés par un phénomène inconnu. Son père se retrouve très vite frappé, de même que sa fille. Ce qui est touchant dans le personnage, c’est la force qu’elle déploie pour essayer de protéger ses valeurs et les gens auxquels elle tient. Elle a un côté très protecteur, elle irait jusqu’à se faire tuer pour eux je crois.

Et puis j’aime beaucoup son côté instinctif. C’est marrant, je me suis rendu compte en tournant qu’elle était très tactile, elle est sensorielle et intuitive. On passe tellement notre temps à clouer le bec à notre petite voix intérieure, alors qu’elle est souvent bienfaisante, qu’elle nous envoie des signaux, pourtant on évite de l’écouter… On n’en tient surement pas assez compte quand on fait nos choix. J’ai souvent des sensations très claires, des signaux très forts, que je mets de côté. Et souvent je me dis: « Si tu avais écouté, tu n’en serais pas là! »

Cette petite voix, ces petits signaux qui essaient de se manifester, Laurence, elle, les écoute. Malgré les remarques des autres, qui lui disent qu’elle délire. « Je le sens », elle répond ça tout le temps.

Est-ce que ces petites voix raccrochent aussi la série à son côté fantastique, bien qu’elle soit très réaliste dans la facture? C’est une façon particulière de travailler?

Je ne me suis pas dit que j’allais tourner dans une série fantastique en préparant le rôle, mais le fait que Laurence soit intuitive, instinctive et ouverte à ses sens, cela rejoint effectivement une certaine dimension fantastique. Jouer quelqu’un qui écoute sa petite voix, ou quelqu’un qui sent une présence dans une pièce, c’est très proche finalement!

Dès le début, Laurence est confrontée à une sorte d’invisibilité bien spécifique, puisqu’elle souffre d’une maladie que personne ne semble voir, reconnaître ou prendre au sérieux.

Elle est électrosensible, donc elle sent des choses qu’elle et qu’on ne voit pas. Cela a un impact sur son bien-être physique et psychologique. Avant même que l’épidémie d’invisibilité ne se déclare, elle est déjà plongée dans un phénomène dont on a du mal à témoigner.

Quand j’ai lu le scénario pour la première fois, je trouvais que Laurence avait un côté Cassandre… Elle prêche vraiment dans le désert, elle parle de choses que personne ne voit donc ne croit. C’est déjà une façon d’être dans la thématique de l’invisibilité.

Laurence est scientifique, elle est médecin, et ce qui est beau dans ce personnage, c’est que c’est une scientifique qui prête crédit à ce qu’elle ressent, pas uniquement à ce qu’elle sait. Elle est capable de sortir d’un raisonnement logique et très cartésien pour entrevoir autre chose. L’inconnu est aussi à vérifier. C’est très beau, et très humble. Et je trouve qu’on est en plein dedans avec le Covid, il y a beaucoup d’écho avec notre situation actuelle.

Invisible-RTBF

Malgré sa formation, elle accepte de ne pas savoir…

C’est vrai qu’elle fait face à d’autres scientifiques notamment qui ne peuvent même pas concevoir de se poser des questions. Et c’est aussi à ça qu’on fait face avec le Covid, des réactions très violentes et négationnistes, à différents degrés.

Mais c’est vrai que c’est difficile d’accepter que l’ordre des choses puisse changer, que nos vies puissent changer, que l’on doive s’adapter à un truc qui déboule, nouveau, mystérieux. On est bousculés et fragilisés face à l’inconnu.

C’est une série de femmes fortes, et très transgénérationnelle.

C’est vrai que c’est rare et fort de montrer des femmes de tous les âges, et des corps, parfois nus, de tous les âges. Et ça a été un combat de Marie Enthoven, la showrunneuse de la série, d’imposer ces scènes. C’est un beau geste d’émancipation féminine.

Qu’est-ce que vous préférez de la série?

Je suis très agréablement surprise par le rythme, et l’atmosphère que je trouve très belle, et peu courante à la télévision. La série prend le temps d’installer le récit, l’ambiance. Le genre est assumé.

Et puis je suis très fière aussi de participer à une série avec d’aussi beaux rôles de femmes, ce n’est vraiment pas si fréquent, et ça fait du bien.

Pour moi, c’est vraiment un challenge très réussi.

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