Sur le tournage de… « Fils de Plouc »

Passage éclair sur le tournage de Fils de plouc, premier long métrage de Lenny et Harpo Guit, tourné en avril dernier à Bruxelles. 

Le contexte

Bruxelles, le 28 avril 2019. 15 jours déjà que l’équipe de Fils de Plouc a débuté le tournage du premier long métrage des frères Guit. Un tournage express et à haute teneur énergétique, puisqu’il ne reste que trois jours pour boucler le projet. Autant dire que tout le monde met les bouchées doubles pour tout faire entrer, même au chausse-pied, dans le planning.

Si le timing est si serré, c’est que Fils de plouc est le premier projet issu de l’appel à projet du Centre du Cinéma destiné aux films à production légère à entrer en tournage (voir nos articles à ce sujet ici et ici).

« On est ici dans un format de production qui ressemble fort à un format de série, on tourne 5 à 6 minutes utiles par jour, un  rythme assez effréné, nous explique le producteur, David Borgeaud. Mais ce rythme imposé par des contraintes financières nous donne beaucoup de liberté dans la façon de mettre les choses en place. En tant que producteurs, on doit satisfaire leurs exigences en terme de déco, costumes, etc, les laisser aller au bout de leurs intentions, tout en maitrisant le budget. C’est beaucoup de travail de préparation surtout. Mais finalement, la plus grande contrainte, c’est le calendrier, car il faut boucler le film en deux ans… »

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Tout le monde au combo. Avec le pull jaune, Lenny Guit.

 

Un moyen aussi pour Roue Libre Production (à qui l’on doit notamment la web-série à succès La Théorie du Y – dont la 2e saison est actuellement en tournage -, ou encore le court métrage Kapitalistis de Pablo Munoz Gomez, primé dans le monde entier), de passer en douceur le cap du premier long métrage.

De leurs côtés, les deux réalisateurs ont l’air entièrement satisfaits des conditions de production: « On travaille avec tous les gens avec lesquels on a toujours travaillé, mais cette fois-ci… produits et payés! » Pour mieux comprendre, penchons-nous un peu sur leurs parcours…

Lenny & Harpo, Harpo & Lenny

Les frères Guit sont parisiens, mais ont débarqué à Bruxelles il y a quelques années pour suivre leurs études, de cinéma en montage/scripte à l’IAD pour Lenny, et en théâtre au Conservatoire d’Art Dramatique pour Harpo (qui interprète d’ailleurs l’un des deux frères dans le film). Leur père, qui travaille lui aussi dans l’audiovisuel, les a biberonnés au cinéma, résultat des courses, les deux frères réalisent de petits films depuis leur plus tendre enfance, faits de bric et de broc, et en parfaits autodidactes. Avec la formation viennent des courts métrages un peu plus étudiés, qui tournent en festival.

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« Fils de plouc » de Lenny et Harpo Guit – Roue Libre Production – Photo: Cédric Bourgeois

 

« On se dit qu’on n’est pas faits pour faire du cinéma de façon classique, du coup ce format nous convient bien. Et on n’a rien à perdre! » Cet appel, c’était l’occasion idéale de passer au long, finalement…

« On adore les buddy movies, ce ressort comique qui consiste à « coller » deux personnages que tout oppose l’un à l’autre et on s’est demandé ce qui pourrait justifier que nos deux personnages soient toujours fourrés l’un avec l’autre, alors qu’ils se détestent. Il nous fallait deux frères, évidemment. » 

Quand on leur demande quelles sont leurs inspirations, ils citent en vrac les comédies américaines récentes, Judd Appatow, Adam McKay, mais aussi les comédies italiennes des années 60/70 comme Les Monstres de Dino Risi ou Affreux, Sales et Méchants d’Ettore Scola, ou encore les séries britanniques comme The Office qui a révélé Ricky Gervais.

Un humour volontiers grossier (« mais jamais vulgaire comme disait Depardieu qui citait Coluche »), pourquoi pas trash, et surtout, qui ose tout. « En écrivant, on se disait que la scène d’après devait toujours être pire que la précédente, ce qui a entrainé une sorte d’escalade, voire de surenchère. »

« C’est très amusant et en même temps tout à fait déroutant d’entrer dans leur univers. On a souvent le sentiment qu’ils vont un cran trop loin dans l’excès, et pourtant ça marche à chaque fois! » renchérit leur producteur, David Borgeaud. 

Mais de quoi ça parle, finalement ?

Fils de plouc, c’est vingt-quatre heures dans la vie de deux frères affreux, sales et méchants qui ne font que des conneries. Livrés à eux-mêmes, ils vont enchaîner les rencontres étranges avec, pour seule arme, un instinct de survie hors du commun. Ca c’est le synopsis officiel.

Quand il s’agit de pitcher le film, les deux frères se dérobent, et confient la tâche à l’un de leurs comédiens, Tom Adjibi (vu dans Deux jours, une nuit, Je me tue à le dire ou May Day), qui joue Diego, un musicien qui rêve de tourner des clips à la PNL pour percer dans le milieu.

Tom Adjibi, alias AJB

 

« Fils de Plouc, c’est l’histoire deux frères qui recherchent leurs origines. Ils viennent de Bretagne, et vivent de tout et de rien à Bruxelles. Ils trainent, ils galèrent, ils volent, vendent de la drogue. Bref, ils cherchent à se faire de la thune, tout en trouvant un but à leur vie. Leur mère débarque un jour à Bruxelles, et va tout bouleverser. »

Mais à quoi ressemble-t-il, ce film? « Si je devais vraiment le définir, bien qu’il soit inclassable, je dirais que c’est un film hip hop trash, avec un côté Bisounours. Un bon gros mélange de styles, comme Alain Resnais qui rencontrerait La Soupe aux choux. »

Ca part dans tous les sens, en somme? « Voilà! C’est ça! Mais avec une énergie folle… »

« Ce qui nous a vraiment séduits dans le film finalement, c’est sa liberté de ton. Ce film là ne serait jamais passé dans une commission « classique », c’est trop libre, déconstruit, improvisé. C’est une véritable explosion créative en fait, confirme David Borgeaud. Mais ce qui nous a confortés dans notre conviction, c’est l’accueil que nous ont fait les acteurs confirmés qui se sont engagés sur le projet, que ce soit Claire Bodson (NDLR – bientôt à l’affiche du Jeune Ahmed), qui joue le rôle de leur mère, ou des gens comme Mathieu Amalric ou Yannick Renier, qui sont passés tourner une ou deux scènes. »

Dans les deux rôles principaux, on retrouve donc Harpo Guit, et Maximilien Delmelle, un camarade artistique de longue date. A leurs côtés, Chaïda Suku Suku, Toni D’Antonio ou Habib Ben Tanfous. 

« Au final, malgré des conditions de tournage contraignantes, on s’aperçoit que l’on revient à l’essentiel, et qu’il y a une vraie émulation collective et artistique, conclue David Borgeaud.« 

On a hâte de voir le film fini, ce qui ne devrait logiquement pas trop tarder, et pourrait même arriver d’ici fin 2019. To be continued…

 

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