« Totem », une journée de m*rde

Attention, bons gros rires en vue! Avec son premier long métrage, Totem, Fred De Loof ose une comédie en mode slasher fantastique, avec option voyage dans le temps, pastiche délicieusement régressif qui suit une troupe d’adulescents convaincus de pouvoir résoudre leurs traumatismes passés en revivant le camp scout qui a changé leur vie à jamais.

Ah, les camps scouts, la vie dans les bois, la camaraderie, les amitiés à la vie à la mort, la jeunesse… On donnerait cher pour revivre ça non? Et pourtant…

Il y a 20 ans déjà, la patrouille scout des loups perdait l’un des leurs, le jeune Ludovic, dans de mystérieuses conditions. 20 ans plus tard, Buffle est toujours hanté par cette disparition.  Un traumatisme émotionnel qui prend l’apparence pour le moins perturbante d’un Rat Géant qui surgit à tout bout de champ. Un rat… Tiens donc, comme l’animal totem de Ludovic.

Buffle invite alors son ancienne patrouille sur les lieux de ce camp maudit, pour un week-end de thérapie de groupe qui devrait leur permettre d’affronter leurs vieux démons. Malheureusement,  les choses vont prendre une tournure inattendue lorsque le petit groupe va découvrir au fond de la feuillée rien moins qu’un passage spatio-temporel.

Oui, vous avez bien lu. C’est donc une feuillée à remonter le temps.

Totem-Fred-De-Loof

Retour en arrière (décidément). Fred De Loof s’est fait remarqué avec ses courts métrages résolument déjantés dont Les Pigeons ça chie partout et Caca Boudin. Là, on se dit qu’il y a peut-être comme un thème de prédilection. Et de fait, Totem est une comédie joyeusement grossière, qui pousse la métaphore (mais est-ce vraiment une métaphore finalement?) bien, bien loin, nourrie de références aux cinémas de genre que semblent affectionner le réalisateur et le co-auteur, François Neycken.

Attention néanmoins à ne pas se laisser berner par cette comédie qui assume crânement ses blagues scatologiques, qui sont même au coeur de son dispositif narratif. Car derrière les blagues de cour de récré se cachent de vrais problèmes de cour de récré. L’air de rien, avec le bizutage dont le jeune Ludovic est l’objet, se profile la question du harcèlement, et derrière encore, cette question qui déchaîne aujourd’hui les passions: peut-on rire de tout?

On laissera à chacun·e la liberté de se faire son idée, mais il est néanmoins clair que beaucoup riront devant Totem, qui tient autant de la plaisanterie potache de sale gosse, que de la déclaration d’amour au cinéma, multipliant les références, s’amusant avec entrain des poncifs aussi bien des films qui voyagent dans le temps que des slashers ou des films de serial killer. Trou de ver, paradoxes temporels, copycat, théorie du chaos, tout ou presque y passe avec une énergie communicative, et un goût certain pour les jeux de mots appuyés.

Totem-Fred-De-Loof

Une comédie délicieusement régressive, à l’image d’ailleurs de la performance des différents comédien·nes, jeunes et moins jeunes, qui s’en donnent à coeur joie pour caresser l’outrage et la caricature dans le sens du poil.

Dans les rôles des « adultes », on retrouve des visages bien connus du cinéma belge contemporain. Si Fred De Loof (d’ailleurs aux manettes de la prochaine série de la RTBF, Baraki, premier format 26 minutes pour la chaîne publique francophone qui sera diffusé à la rentrée), également comédien, interprète le rôle titre, on retrouve à ses côtés François Neycken, qui à co-écrit le film (vu récemment dans Escapada de Sarah Hirtt), Quentin Marteau (très actif au théâtre, à l’affiche également de Sympathie pour le diable, ou de la série Arte Moloch), Pablo Andres que l’on ne présente plus, géniale voix du méchant pas si méchant dans 100% Loup, que l’on verra bientôt dans un tout autre registre dans Entre la vie et la mort de Giordano Gederlini (et qui est également à l’affiche de Baraki), Céline Peret, découverte dans Coquelicots de Philippe Blasband, ou encore le réalisateur Xavier Seron, qui confirme ici devant la caméra le timing comique qu’il a déjà prouvé derrière.

Dans les rôles des petits scouts, on retrouve les jeunes Arthur Lafère, Thimotée Coestier, Jules Barbason (aperçu dans La Trêve, Timmy Berthet dans Baraki), Elliott Elleboudt, Jules Hanquet (vu dans Ennemi Public) et Hugo Gonzalez (l’un des héros de Lucas etc.).

Dans le rôle des Doppelgängers… Oh wait, on vous en a trop dit. Le mieux est encore d’aller voir le film!

Totem est produit par Benoît Roland et Nabil Ben Yadir pour 10.80 Films.

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